Ce
qui devait arriver arriva. La grande manifestation qui devait unir les
Français, permettre un élan international contre le terrorisme en général et
inviter à une communion universelle, cette manifestation a été finalement
réduite à une mise en exergue de la communauté juive et sa souffrance.
Plus grave, c’est Israël qui a en définitive ravi la vedette à la France.
D’abord
par la présence sur médiatisé du Premier ministre israélien, Benyamin
Netanyahu, connu pour ses excès vis-à-vis des Palestiniens et des Musulmans en
général. L’arrogance de l’homme s’est bien exprimée quand il a proposé aux
Juifs de France d’aller en Israël à la recherche de la sécurité. Il imposera
aussi un cérémonial particulier pour célébrer les quatre morts de l’épicerie de
Vincennes. D’ailleurs ces morts seront finalement inhumés en Israël. Même
morts, les Juifs de France sont les bienvenus sur la terre dont les habitants
d’origine, les Palestiniens sont expulsés, dépossédés, emprisonnés et tués au
quotidien.
Revient
ici la polémique autour de ces Français qui, parce qu’ils sont de confession
juive, ont le devoir et le droit d’aller se battre en Israël, alors que les
Musulmans de France d’origine arabes sont qualifiés de terroristes meurtriers
quand ils partent se battre en Syrie, en Irak, au Yémen… Deux poids, deux
mesures.
La
France de l’après manifestation de ce dimanche ne sera plus ce pays auquel
rêvaient certains humanistes. Nous assisterons, quand les effets de l’émotion
s’estomperont et que reviendront les vrais questionnements, nous assisterons
donc à la résurgence du communautarisme et au retour de la bête immonde que
constitue le racisme et la haine de l’Autre.
Les
politiques manipulent déjà à l’excès les contradictions existantes. Ils s’en
servent aujourd’hui en donnant l’impression d’accompagner un mouvement
spontané. Au lieu de la renaissance républicaine attendue, nous serons les
témoins de la faillite de la Raison française. Les prophéties des oiseaux de
mauvaise augure comme Zemmour ou Houellebecq se réaliseront dans des
soubresauts qu’il sera facile de comparer à une guerre civile qui se nourrira
du rejet qui caractérisera les rapports sociaux.
La
France du Président François Hollande n’a pas les reins pour tenir la secousse.
Elle manque de s’asphyxier par manque d’alternative et donc d’horizon.
De
nouvelles mesures de sécurité seront déployées principalement pour protéger les
édifices sensibles – les écoles et synagogues juives. De nouvelles troupes
seront envoyées sur le terrain. De nouvelles lois limitant les mouvements et
les libertés seront adoptées. Une sorte d’état de siège qui ne dit pas son nom.
Mais la paix des esprits est difficile à rétablir.
Parce qu’elle demande de réels efforts dans le sens de la réhabilitation des
valeurs de la République, celles qui se définissent à travers Liberté-Egalité-Fraternité.