Ce
serait une grande erreur de la part de l’administration américaine que de s’arrêter
à l’aspect protestations contre une insulte faite aux Musulmans à travers la
production d’un film dénigrant. Les Musulmans – et pas seulement eux, les Juifs
et les Chrétiens aussi – sont habitués à ces attaques inconsidérées et
excessives de la part de l’industrie hollywoodienne. Certes, les nôtres
(Musulmans, Arabes et Noirs) restent les victimes préférées de Hollywood, mais
toutes les grandes religions ont souffert de ces traitements. Haine, racisme,
stigmatisation, amalgames… messages éternels de la boîte à images américaine.
La
colère exprimée ces jours-ci dans les rues arabes et musulmanes est le fruit de
toute une politique étrangère qui ne semble pas souffrir des changements
intervenus dans le monde, ni de ceux intervenus à la tête de l’Appareil
américain.
Toujours
le même engagement sans condition derrière Israël. Toujours le même soutien
indéfectible à l’idéologie raciste de l’Etat sioniste. Laquelle nous renvoie
toujours les mêmes images de Palestiniens dépossédés, assassinés, torturés, exilés,
embastillés… en toute illégalité, en toute impunité.
L’entêtement
des extrémistes au pouvoir en Israël n’a pas atténué l’engament des Américains
qui viennent d’ailleurs de reconnaitre Al Qods (Jérusalem) comme capitale
éternelle d’Israël. Comme pour donner une prime à la forfaiture qui consiste à
refuser de reprendre les pourparlers de paix.
Il
est vrai que pour un temps, les images affreuses qui pleuvaient des Territoires
et de Gaza, furent occultées par celles d’un «printemps arabe» qui a finalement
été plus sanguinaire, plus destructeur que toutes les guerres civiles dans les
territoires concernés. Et si l’on fait la somme, il est aisé de voir que le
résultat final est celui de balayer toutes velléités anti-israéliennes, de
détruire toute menace qui était - ou qui aurait pu être ou qui aurait dû être
pour Israël.
Bientôt
deux ans que le «printemps arabe» dure et quels résultats pour les Arabes ?
L’Iraq est toujours à feu et à sang à cause de la gestion américaine de l’occupation :
avec notamment l’institutionnalisation du communautarisme, l’armement et l’utilisation
des factions les unes contres les autres. Il ne suffit pas de se retirer pour
se dédouaner d’une gestion meurtrière.
La
Syrie est à genoux et ne se relèvera pas rapidement. Le Yémen, la Libye et même
l’Egypte et la Tunisie mettront du temps à se normaliser. Les autres pays
auront aussi leurs crises de croissance sous forme de dommages collatéraux d’un
aventurisme occidental dont l’Administration américaine a été le fer de lance.
Finalement
Obama=Bush (père et fils)=Reagan=Carter=Nixon=…. Rien ne change pour nous quand
il s’agit de la politique extérieure de la première puissance mondiale. Toujours
le même déséquilibre, le même alignement sur le bourreau, le même soutien à l’arbitraire,
la même propension à l’exercice de la force brutale, les mêmes réflexes de
prédation…
La colère et la haine exprimées dans la rue musulmane
en général, arabe en particulier, ne sont pas le fruit de la production d’un
film, mais la conséquence de quelques décennies de frustrations nées des
mauvais choix de l’administration américaine.