La
CENI est l’objet de toutes les attaques. Et ça vient de commencer. Parce que
les Mauritaniens cherchent toujours un responsable à leurs déboires, les
politiques plus que le citoyen lambda. Je ne sais pas pour vous, mais j’ai
rarement vu un Mauritanien - noir ou basané, gris ou clair - reconnaitre ses
erreurs et assumer la responsabilité de ce qui lui arrive comme conséquence de
ses choix et de ses positionnements souvent hasardeux. Même quand vous
reprochez à quelqu’un ses tendances à user de mensonge dans telle ou telle
situation, il vous dit fatalement : «Ce
n’est pas exprès, mais que veux-tu ? les gens te poussent au mensonge à
force de te presser…» C’est bien parce que vous l’avez «trop regardé» qu’il a brûlé le feu rouge
entrant en collision avec une voiture qui venait dans l’autre sens. Parce que
vous l’avez «appelé au téléphone»
qu’il a finalement renoncé à la mosquée pour faire sa prière d’Al Maghrib…
n’importe quoi pour éviter de faire face à lui-même.
Les
critiques dont la CENI est aujourd’hui l’objet sont peut-être fondées, pour
certaines d’entre elles, mais elles ne justifient pas la violence des propos
tenus, encore moins la stigmatisation dont ses membres et son président font
l’objet. Une violence qui prépare – et entretient – un climat délétère, une
atmosphère faite de tension et de rejet. C’est comme si on voulait discréditer
à l’avance le travail qui sera fait. C’est de bonne guerre s’il s’agissait
seulement des partisans du boycott qui feront tout pour faire échouer les
futures élections dont la réalisation dans un minimum de «normalité» va les mettre définitivement hors jeu. Mais l’hostilité
vis-à-vis de la CENI devient dérangeante quand elle s’exprime à travers les
propos de ceux qui ont choisi et ses textes fondateurs et son appareil dirigeant.
Comment comprendre cette focalisation des partis ayant participé à la
confection de cette institution sur les défauts de la CENI ? Comme s’il ne
s’agissait pas de choix qu’ils ont faits.
Quand la première mouture du texte fondateur de
la CENI a été rejetée par le Conseil constitutionnel, il y a eu une campagne
pour demander aux protagonistes du dialogue de faire en sorte de ne pas limiter
le conseil des Sages aux plus de 60 ans. Ils ont refusé et sont allés au-delà
de 60 ans pour tous ses membres. Prétextant qu’il est difficile de trouver dans
les moins de 60 ans, l’indifférence, la neutralité, l’expérience nécessaires au
travail demandé. Messaoud Ould Boulkheir, Boydiel Ould Hoummoid, Abdessalam
Ould Horma, Mohamed Mahmoud Ould Mohamed Lemine, Ahmed Ould Bahiya et tous ceux
qui ont participé au dialogue ont sélectionné ceux qu’ils croient être les plus
pourvus : Abdallahi Ould Soueid’Ahmed, Ahmed Ould Ghnahalla, Moulaye Ahmed
Ould Hasni, Pr Ba Mohamed Lemine, Dr Manthita Tandia, Memed Ould Ahmed et Mohamedhen
Ould Bagga.
Aucun de ceux-là n’était connu du grand public,
du moins pas pour ses précédents politiques compromettants. La principale
critique émise au lendemain de leur nomination était surtout liée à l’âge et à
la capacité de mettre en œuvre le processus électoral bloqué à l’époque.
On sait, tout le monde sait, que ces hommes et
femme peuvent se tenir à égale distance des protagonistes politiques. Tout le
monde sait qu’aucun d’eux ne peut faire l’objet d’une suspicion quant à la
recherche de l’intérêt national et au sens de l’équité. Ils peuvent faire des
erreurs, des mauvais choix. Ils ont peut-être fait de mauvais choix,
certainement des erreurs. Mais ce n’est pas pour cela qu’il va falloir les
disqualifier avant de les voir diriger le match tant attendu.
J’ai lu et entendu une grande adversité vis-à-vis
de Ould Soueid’Ahmed et de ses compagnons. Elles ne sont tout simplement pas
justes et relèvent de l’acharnement. Le niveau du langage, le contenu des
critiques, l’absence de propositions alternatives, le manque de volonté de
pousser vers une meilleure attitude, de meilleurs procédés… tout cela indique
les véritables desseins.
D’une part, des partis qui préparent l’opinion à
leurs résultats qui seront le reflet de l’appréciation publique de leurs
actions. D’autre part, cette propension, devenue sport national, à toujours
noircir le tableau. Comme si la réalité ne suffisait pas et comme si tous ne
sont pas responsables de cette situation qu’ils prétendent décrier.
Quelqu’un que j’aime beaucoup me rappelait
récemment ce que Gandhi avait dit : «Soyez
le changement que vous voulez voir dans le monde» ! Chacun de nous
doit faire sienne cette sagesse.