C’est un spectacle
que nous offrent les Gendarmes chargés de surveiller et de protéger l’entrée de
l’aéroport de Nouakchott. Quand on arrive on est frappé par la rigueur
affichée : tenue correcte, tailles standards, déploiements convenables,
propos (plus ou moins) acceptables… «Restez
de l’autre côté, n’approchez pas si vous ne voyagez pas»… C’est bien et
c’est tant mieux. Nous sommes tous demandeurs d’ordre.
Seulement voilà,
après quelques minutes, vous allez voir nos gendarmes pris par des
conciliabules avec des civils voulant entrer sans en avoir le droit. C’est ici
un parent qui est invité à briser la rigueur affichée, ici un ami, là une
connaissance…
Hier soir, je n’ai
pu m’empêcher de le faire remarquer à l’un d’eux en lui disant que ce qui me
choque, c’est surtout la jeunesse des Gendarmes en faction. Des jeunes doivent
rester rigoureux et s’interdire de faire du favoritisme. Lui rappelant que si
la mission de protéger l’aéroport a été confiée à la Gendarmerie, c’est parce
qu’on accusait la police de «d’excès de
convivialité» avec les usagers et de manque de rigueur. Que c’est
finalement ce qui est en train de rattraper les Gendarmes. Qu’ils n’ont rien à
gagner en donnant aux citoyens toutes les raisons de ne pas les respecter. «Vous êtes jeunes et vous devez tenir à votre
respect et à celui de votre Corps».
Je le voyais me
regarder sans entendre ce que je disais. Je me rappelais qu’il suffit de voir
les allées et venues autour des postes de contrôle de la Gendarmerie sur les
routes nationales pour comprendre que la Gendarmerie n’est plus ce Corps qui
suscitait respect et considération. Il y a quelque chose qui s’est cassé au
sein du commandement : le rajeunissement de ce commandement ? ou son
vieillissement ? le laisser-aller de ce commandement ? ou la mainmise
de ce commandement ? C’est au fond le commandement qui détermine le
comportement de tous les gens du Corps. Ici plus qu’ailleurs.