J’ai
la chance de faire partie du voyage présidentiel à La Mecque. Là-bas, le
Président de la République doit assister à une conférence islamique convoquée
par le Roi d’Arabie. Il en profite pour faire une Oumra en ces moments bénis de
fin de Ramadan. Comme il veut partager ce moment, il amène avec lui des proches
mais aussi des acteurs de la vie publique : députés, sénateurs, conseillers…
et au total huit journalistes sensés couvrir l’évènement. En réalité, c’est d’abord
pour eux – au moins pour sept d’entre eux – un voyage studieux, l’occasion de
méditations et de prières. Je suis de ceux-là.
J’ai
déjà fait le Haj, mais jamais une Oumra. On prête au Prophète Mohammad (PSL) le
fait d’avoir comparé la Oumra de la fin de Ramadan à un pèlerinage en sa
compagnie. Ce qui n’est pas peu pour nous autres musulmans.
Pour
nombre d’entre nous, cela commence à bord de l’avion, un peu moins de deux
heures avant d’arriver à ‘aéroport de Jedda. Beaucoup s’étaient visiblement
préparés au moment d’aborder le H aj (le
Miqaat). Défilé vers les toilettes, ablutions puis port des deux morceaux de
tissu blanc, avant de prier les deux rak’at et de prononcer les mots rituels pour
annoncer son intention de faire la Oumra. Ceux qui n’avaient pas leurs effets
se contenteront de faire la prière et de prononcer leur intention.
Mais
comme on ne peut s’empêcher de faire la politique, même en ces moments d’intenses
méditations, tous semblent préoccupés par la présence du député RFD Abderrahmane
Ould Mini. Supputations qui n’en finissent pas. En fait, il est là parce qu’il
est le chef du groupe parlementaire de son parti. Quand on a demandé deux
députés en plus du président de l’Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir
avait proposé son vice-président, El Arby Ould Jideine et les chefs des deux
plus grands groupes : UPR et RFD, Sid’Ahmed Ould Ahmed et Ould Mini. Ce dernier,
avant d’accepter et pour lever toute équivoque, s’était adressé au président de
son parti, Ahmed Ould Daddah qui lui a rétorqué que le religieux prime sur le
politique et qu’il n’y avait aucun mal à accomplir cet acte et à répondre donc
à l’invitation.
A
Jedda, nous sommes très bien accueillis par la partie saoudienne, mais aussi le
staff de l’Ambassade de Mauritanie et du Consulat. Nous sommes dirigés vers La
Mecque. Les deux députés, ma consœur de Radio Mauritanie et moi-même, sommes à
bord d’une voiture dont le chauffeur perd la route. Nous mettons du temps à
retrouver le chemin qui mène à La Mecque. Quand nous sortons de Jedda, le
chauffeur semble vouloir regagner le temps perdu. Il vide son compteur. Mais il
est heureusement ralenti par les embouteillages qui caractérisent l’Arabie en
ces moments de grandes confluences.
Sur
la route les banderoles et les affiches se succèdent. Sur plusieurs d’entre
elles, nous avons le temps de reconnaitre le visage avenant de notre grand Shaykh
Mohamd el Hacen Ould Dedew. Il est seul ici sur cette affiche qui fait la
promotion d’une émission interactive où il répond aux questions des auditeurs. Sur
une autre, il est entouré par deux autres notoriétés religieuses saoudiennes. Aucun
autre étranger ne parait sur ces pancartes. Grand motif de fierté pour les
Mauritaniens.