…Du
moins pas tout de suite. C’est du moins ce qui ressort des tractations qui se
déroulent présentement autour du Sahel.
La
CEDEAO, principal promoteur d’une intervention militaire, n’arrive pas à s’accorder
sur les modalités ni sur la nationalité des troupes à envoyer. On commence ici
et là à se méfier du jeu pernicieux (et intéressé) du Burkina Faso, médiateur
principal dans le conflit. Lequel Burkina a déjà fait deux guerres avec le Mali
indépendant. Des guerres qui n’ont pas été oubliées parce que toute intervention
de ce côté-là est sentie comme une occupation étrangère. Le Nigeria et la Côte
d’Ivoire ne sont plus très engagés derrière le Burkina qui semble avoir son
propre agenda pour la zone.
L’Armée
malienne refuse tout déploiement de forces étrangères sur son sol, tandis que
le gouvernement civil accepte mais à condition que ces forces soient destinées
au Nord, sans possibilité pour elles d’être présentes dans le Sud. Pendant son
séjour parisien, le président burkinabé en a discuté avec le Premier ministre
malien de passage lui aussi à Paris. C’est là-bas où tout se passe apparemment.
Pendant
ce temps, l’OTAN prépare une base aérienne dans les Îles Canaries pour en faire
un point d’appui à une éventuelle intervention militaire dans le Sahel. Ce serait
à partir de là que les avions de l’Alliance vont frapper les bases des Jihadistes
dans le Nord malien. Comment faire la différence entre ces Jihadistes et les
populations locales parmi lesquelles ils se sont fondus ? C’est le cadet
des soucis de l’Alliance : nous avons vu comment elle opère en
Afghanistan, comment elle a opéré en Libye… Les bombes intelligentes ne font
pas la différence entre combattants en armes et civils en prière. Tant pis.
De
son côté, le Conseil de Sécurité des Nations-Unies s’est déclaré prêt «à
examiner une proposition réaliste et faisable de la part de la CEDEAO» et qui
répond à la demande du gouvernement malien. Sous-entendu : les propositions
faites jusqu’à présent ne sont ni réalistes ni faisables. Le Conseil a constaté
que jusqu’à présent les deux parties (CEDEAO et gouvernement malien) ne sont
pas d’accord.
La
guerre qu’on annonçait pour très prochaine n’est donc pas à l’ordre du jour. Nous
nous acheminons vers un statu quo qui ne profite à personne. Sauf peut-être au
négociateur principal, le Burkinabé Blaise Compaoré. Celui-là même qui a déjà
ses accointances avec Ançar Eddine et le MUJAO, ses passerelles avec AQMI et
ses pions au sein du gouvernement d’union nationale du Mali.
Une situation idéale pour celui qui a toujours voulu
parrainer – au sens mafieux – les changements en Afrique de l’Ouest. Et qui a,
à cet effet, des «disciples» (sbires) sur tous les théâtres de la région. A moindres
frais, il compromet une démocratie qui mettait en évidence ses trois décennies
de règne sans partage, faisait payer au Mali ses velléités d’antan, créait un
chao où il pouvait se présenter en Rédempteur. Qui dit mieux ?