Les
premières réactions après l’annonce faite par la CENI sont plutôt prometteuses.
Toutes les voix qu’on a entendues jusque-là ont exigé des conditions
garantissant transparence et régularité. Le problème est qu’il va falloir
passer à la phase des propositions et dire qu’est-ce qu’il faut au juste pour
que ces élections soient les plus larges et les plus crédibles.
On
sait que la CENI a pris sur elle la responsabilité de l’organisation entière
des élections depuis que c’est elle qui supervise et réalise le recensement à
vocation électorale. Autrement dit, c’est désormais la CENI qui fixe la liste
électorale. L’administration n’est donc plus concernée qu’accessoirement dans
la disponibilisation de son expertise.
C’est
avec la CENI qu’il va falloir discuter les conditions optimales pouvant
rassurer les partis, surtout ceux de l’opposition, sur la régularité du
scrutin. Ces partis sont appelés, dans les jours qui viennent, à présenter
leurs doléances.
Ils
peuvent par exemple demander que le processus de désignation de la CENI soit
repris. Ce sera une perte de temps parce que, excepté deux d’entre eux, les
«sages» choisis bénéficient de préjugés favorables quant à leur capacité à
pouvoir garantir une neutralité complète dans le processus électoral.
Ils
peuvent demander à être présents dans le choix des démembrements. La CENI peut
accepter de leur donner un droit de regard sur les choix qu’elle aura à faire
pour ses représentants à l’intérieur.
Ils
peuvent exiger un audit de la liste électorale que la CENI doit établir,
pourquoi pas après concertations avec les différents partis. Ou proposer des
nouveautés au niveau des mécanismes de contrôle et de supervision à même de
permettre une plus grande représentation des partis en compétition. Il faut se
rappeler ici que les règles qui seront fixées devraient servir pour toutes les
élections qui vont suivre.
Ils
peuvent demander l’instauration d’une réglementation plus rigoureuse quant à la
neutralité de l’administration, de l’Armée ou des médias. Et instituer d’un
commun accord avec la CENI, des mécanismes à même de garantir l’application du
nouveau dispositif.
Ils
peuvent demander la réactivation des lois sur le financement des partis et des
élections et provoquer une campagne en vue de limiter les abus.
Ils
peuvent engager des démarches en vue de préparer leurs militants, le public en
général, à exercer leur droit de vote, avec l’aide de la CENI.
Tellement
de choses à entreprendre qui pourrait permettre à l’Opposition de percer dans
ces élections qui arrivent à un moment où il faut, pour chaque camp,
capitaliser ses efforts et récolter les fruits de son action.
Les
futures élections pourraient être la concrétisation de l’un ou l’autre des
camps. Comme elles pourraient exprimer le ras-le-bol général du politique par
l’abstention ou le rejet des candidats des partis traditionnels.
Tout
peut arriver. Comme il se peut qu’il n’arrive rien. On continuera alors à nous
mouvoir dans une atmosphère «visqueuse» qui empêche de se mouvoir avec
célérité.
La
situation du pays est inédite : nous essayons de nous convaincre que nous
sommes installés dans une crise sans précédent, alors que la situation est
presque «normale», au regard du fonctionnement des institutions, des marchés,
des écoles, des administrations, des activités quotidiennes…
La
crise est une vue de l’esprit, du moins dans l’aspect politique que décrivent
certains acteurs qui parlent d’atmosphère de fin de règne espérant, en secret
ou non, un changement brusque ou violent.
Nous
sommes dans un pays qui a énormément de problèmes de développement, mais qui
peut s’en sortir si ses fils acceptent de dépasser leurs égos. S’ils acceptent
de parler et de regarder froidement autour d’eux. Et s’ils arrivent à avoir une
appréciation équitable de la situation où ils se trouvent.
La
décision de la CENI d’annoncer un deadline pour les élections plusieurs fois
retardées, peut se transformer en une initiative qui peut faire avancer sur le
plan politique.