lundi 4 mars 2013

L'édito de la semaine


Les premières réactions après l’annonce faite par la CENI sont plutôt prometteuses. Toutes les voix qu’on a entendues jusque-là ont exigé des conditions garantissant transparence et régularité. Le problème est qu’il va falloir passer à la phase des propositions et dire qu’est-ce qu’il faut au juste pour que ces élections soient les plus larges et les plus crédibles.
On sait que la CENI a pris sur elle la responsabilité de l’organisation entière des élections depuis que c’est elle qui supervise et réalise le recensement à vocation électorale. Autrement dit, c’est désormais la CENI qui fixe la liste électorale. L’administration n’est donc plus concernée qu’accessoirement dans la disponibilisation de son expertise.
C’est avec la CENI qu’il va falloir discuter les conditions optimales pouvant rassurer les partis, surtout ceux de l’opposition, sur la régularité du scrutin. Ces partis sont appelés, dans les jours qui viennent, à présenter leurs doléances.
Ils peuvent par exemple demander que le processus de désignation de la CENI soit repris. Ce sera une perte de temps parce que, excepté deux d’entre eux, les «sages» choisis bénéficient de préjugés favorables quant à leur capacité à pouvoir garantir une neutralité complète dans le processus électoral.
Ils peuvent demander à être présents dans le choix des démembrements. La CENI peut accepter de leur donner un droit de regard sur les choix qu’elle aura à faire pour ses représentants à l’intérieur.
Ils peuvent exiger un audit de la liste électorale que la CENI doit établir, pourquoi pas après concertations avec les différents partis. Ou proposer des nouveautés au niveau des mécanismes de contrôle et de supervision à même de permettre une plus grande représentation des partis en compétition. Il faut se rappeler ici que les règles qui seront fixées devraient servir pour toutes les élections qui vont suivre.
Ils peuvent demander l’instauration d’une réglementation plus rigoureuse quant à la neutralité de l’administration, de l’Armée ou des médias. Et instituer d’un commun accord avec la CENI, des mécanismes à même de garantir l’application du nouveau dispositif.
Ils peuvent demander la réactivation des lois sur le financement des partis et des élections et provoquer une campagne en vue de limiter les abus.
Ils peuvent engager des démarches en vue de préparer leurs militants, le public en général, à exercer leur droit de vote, avec l’aide de la CENI. 
Tellement de choses à entreprendre qui pourrait permettre à l’Opposition de percer dans ces élections qui arrivent à un moment où il faut, pour chaque camp, capitaliser ses efforts et récolter les fruits de son action.
Les futures élections pourraient être la concrétisation de l’un ou l’autre des camps. Comme elles pourraient exprimer le ras-le-bol général du politique par l’abstention ou le rejet des candidats des partis traditionnels.
Tout peut arriver. Comme il se peut qu’il n’arrive rien. On continuera alors à nous mouvoir dans une atmosphère «visqueuse» qui empêche de se mouvoir avec célérité.
La situation du pays est inédite : nous essayons de nous convaincre que nous sommes installés dans une crise sans précédent, alors que la situation est presque «normale», au regard du fonctionnement des institutions, des marchés, des écoles, des administrations, des activités quotidiennes…
La crise est une vue de l’esprit, du moins dans l’aspect politique que décrivent certains acteurs qui parlent d’atmosphère de fin de règne espérant, en secret ou non, un changement brusque ou violent.
Nous sommes dans un pays qui a énormément de problèmes de développement, mais qui peut s’en sortir si ses fils acceptent de dépasser leurs égos. S’ils acceptent de parler et de regarder froidement autour d’eux. Et s’ils arrivent à avoir une appréciation équitable de la situation où ils se trouvent.
La décision de la CENI d’annoncer un deadline pour les élections plusieurs fois retardées, peut se transformer en une initiative qui peut faire avancer sur le plan politique.