lundi 20 mai 2013

Au service des autres


C’est l’histoire que je découvre en ce jour de lundi : alors que les passagers de Mauritanie Airlines International (MAI) devant aller à Casablanca depuis le matin attendaient encore à l’aéroport de Nouakchott à 13 heures, la compagnie affrétait ses avions à Air Sénégal International. Cette dernière tient, malgré ses difficultés nées de la mauvaise gestion qu’elle a endurée, à fidéliser une clientèle, à rester présente dans un espace qui l’intéresse et qui lui rapporte. La MAI, elle, ne semble pas préoccupée par sa clientèle, ni par ce qui rapporte.
On va nous dire que l’affrètement est plus rentable que l’acquisition d’une flotte, c’est ce que tout le monde a dit au début de la création de la compagnie. On a passé outre en arguant qu’il fallait être souverain et payer des avions pour satisfaire notre ambition. Notre ambition ?
Si notre ambition n’est pas de couvrir l’espace africain, que peut-elle être ? Si l’ambition de la compagnie n’est pas de satisfaire sa clientèle en premier, que peut-elle être ? La situation est celle-là aujourd’hui. Et même avec ses affrètements, les avions restent sous-exploités nous dit-on. «A peine 40% de leur capacité…», certifie un connaisseur. Ceci dit, la présence des couleurs mauritaniennes dans ces espaces est quand même une source de fierté. S’il n’y avait pas ce magazine de la compagnie qui s’appelle «El Moussafir» (Le Voyageur).
Environ 80 pages de papier glacé difficile à manier, avec des textes souvent mal écrits, beaucoup de fautes d’orthographe et des connaissances approximatives. Sans parler de la mise en page qui est exécrable. Pour vous donner une idée, j’ai choisi de partager avec vous quelques «blagues» proposées par le magazine (en gardant fautes et ponctuation).
«C’est un Mauritanien qui est parti au Japon, le premier jour… il a dormi jusqu’à 11:30,…alors les japonais l’ont cru mort, l’ont enterré»
«-Mon papa c’est le plus rapide du monde, dit le premier. Il fait Nouakchott Rosso en deux heures.
-Et qu’est-ce qu’il fait ton papa ?
-Il est chauffeur de taxi.
-Mon papa est plus rapide que le tien, il fait Nouakchott-Paris en deux heures.
-Ah ?!
-Ouais, il est pilote à Air Mauritanie.
-Un peu court, Le mien il est encore plus rapide.
-Oh ?!
-Il est fonctionnaire à la wilaya. Il termine son boulot à 5 heures, et à 4 heures il est déjà à la maison»
«Un monsieur a rempli son fourgon pleine de poules est part pour les vendre au marché de Rosso. En arrivant de Nouakchott, il a trouvé 1 barrage de gendarme. Le gendarme dit : d’où tu viens ? et c’est quoi ces poules ? et pourquoi sont grosse comme ça ? Qu’est-ce qui tu leurs donne à manger ?
Le vendeur : parce que je leurs donne du blé et noukhala. Le gendarme : ah oui c’est comme ça ? Tiens une amende de 500 UM. 2ème barrage a Tiguent : les mêmes questions du gendarme. Et pourquoi les poules sont grosses ?
Parce que je leurs donnes de la salade et des frites et du fromage .le gendarme dit : tu te moque de moi, alors je te fais une amende de 1000um. Le vendeur est parti fâcher .en arrivant au à Rosso, un 3ème barrage .le vendeur paniquée dit : tout ce que j’ai dit c’est pas bon, et il s’arrête devant le gendarme. Le gendarme : …et pourquoi sont grosses ? le vendeur : moi je leurs donne les sous et eu font leur courses»  
Parce qu’elles ne font pas rire, parce qu’elles sont mal écrites et truffées de fautes, nous n’en retenons que trois indications pour le voyageur qui arrive en Mauritanie : la paresse du Mauritanien, la clochardisation de son administration et le rapport à l’argent de ses postes de contrôle.
A retenir enfin, ce «proverbe arabe» qui dit : «un esclave qui n’est pas à toi est un homme libre». Tout homme nait libre ! et il y avait d’autres proverbes et moralités à promouvoir qui ne soit pas celle-là.