Au
début était cette proposition faite par le président de l’Union des forces du
progrès (UFP) Mohamed Ould Maouloud lors du dé-jeûner organisé par Tawaçoul la
semaine dernière. Ould Maouloud avait alors proposé aux organisations de la
société civile d’initier un appel à une marche où se retrouveront toutes les
forces politiques mauritaniennes pour soutenir Gaza et dénoncer l’indifférence
générale.
L’idée
a finalement été retenue par le syndicat des journalistes et l’Ordre national
des avocats. Tout semblait bien se présenter jusqu’au jour prévu (mercredi). Ce
jour-là, ceux du Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU) ont retiré
leur soutien à la marche. Sous prétexte que l’Union pour la République (UPR),
le parti au pouvoir avait prévu d’étendre ses banderoles marquées de son sceau.
Visiblement, le problème n’a été posé qu’à la dernière minute. Le rendez-vous
qui devait servir à rapprocher, a subitement contribué à remettre en surface la
défiance entre les deux camps.
D’une
part le FNDU qui juge que l’UPR a refusé de faire une concession pour permettre
à tout le monde d’aller ensemble. Pas question pour lui donc de marcher sous
des banderoles frappées du sceau du parti au pouvoir.
D’autre
part, l’UPR qui croit qu’une manifestation commune ne doit pas signifier
l’acceptation de se fondre dans une masse que «chaque parti essayera de
s’approprier». Et de rappeler que toutes les manifestations du FNDU et
avant lui de la COD (coordination de l’opposition démocratique) ont vu chaque
parti intimer l’ordre à ses militants d’arborer leurs signes distinctifs pour
faire la démonstration de sa présence. C’est ainsi que Tawaçoul a frappé un
grand coup médiatique lors de la première sortie du FNDU, alors que la deuxième
marche a été l’occasion pour le RFD d’étaler ses couleurs. «Il n’y a pas de
mal à ce que chacun se distingue par ses slogans et par ses symboles…»
La
manifestation a quand même eu lieu sans le FNDU et dépendances. Avec un arrêt
final dans l’espace Ibn Abbass (mosquée centrale). Ici les deux représentants
des syndicats se sont improvisés des qualités de tribuns politiques pour
fustiger les atrocités commises par Israël à Gaza et dans les territoires
occupés. Ils ne feront finalement pas l’événement. Car «l’événement»
attendu consistait à voir les acteurs, chefs et militants politiques organisés
dans des partis et/ou des organisations de la société civile (syndicats et
ONG), voir tout ce monde marcher côte à côte pour une cause donnée. Tellement
on est désespéré de les voir converger pour une occasion quelconque…
La
«révolution» n’aura finalement pas lieu… parce que la «révolution»
espérée ici est celle qui consiste à dépasser les défiances, les animosités,
les aigreurs personnels… on n’attend plus d’attitude raisonnée, de lectures
équilibrées et réalistes des événements… on n’attend plus de prises de position
claires et définitives…
Au
final, nous avons recueilli d’une vingtaine d’années de luttes dans des cadres
légaux (partis, syndicats, ONG…), une série de retournements, de reniements, de
tergiversations, de prises de position hasardeuses, d’aventures sans
lendemains, de propos excessifs, d’attitudes excessives, de propositions
irréalistes…
Ce nouvel échec à se retrouver pour une cause qui doit
unir, à pouvoir converger et présenter de soi une image moderne de démocrates,
ce nouvel échec est-il la goutte de trop ?