C’est finalement Dr Moulaye Ould Mohamed Laghdaf qui est
reconduit, cette fois-ci pas seulement comme Premier ministre mais aussi chef
de gouvernement. Il a promis un gouvernement de compétences et de large
représentativité. On a très vite compris qu’il s’agit d’impliquer le plus large
spectre de la Majorité, soit un ministre pour chaque trois députés. Et l’on
attend de voir qui sera reconduit de qui ne le sera pas.
Le retour de Ould Mohamed Laghdaf était prévisible : la
perspective de la présidentielle toute proche ne donnait pas au Président Ould
Abdel Aziz la marge de manœuvre nécessaire pour lui permettre de changer
fondamentalement son dispositif. D’autant plus que Ould Laghdaf a l’avantage de
savoir où l’on en est avec la réalisation de certains projets structurants et
mis en avant pour la campagne prochaine (Aftout, Dh’har, les routes en
construction…). Il aura donc choisi de «garder celui qui
l’a accompagné au lendemain du coup d’Etat du 6 août 2008, qui a dirigé le
gouvernement de sortie de crise de juillet 2009 et auquel il a depuis renouvelé
sa confiance. Une façon d’éviter à choisir entre différents postulants dont la
proximité pourrait bouleverser le dispositif actuel».
On parle d’une possible réforme du
gouvernement. Il n’y aurait plus de ministère de la communication. Dans un pays
où la régulation est désormais la mission d’une institution – la HAPA qui s’en
occupe d’ailleurs très bien -, et où la liberté d’expression est un acquis, on
n’a plus besoin d’un ministère qui ne sert finalement à rien sinon à grever le
budget de l’Etat.
Il est possible aussi que le ministère de l’enseignement
fondamental et celui du secondaire soient fusionnés pour en faire un seul
département. Ce qui signe l’échec d’une réforme, celle qui a créé trois têtes à
un seul secteur.
Une réforme très attendue, et très logique, et
dont on ne parle pas, c’est celle du ministère du développement rural dont on
doit «tirer» un département pour l’économie
pastorale et rien d’autre. Le ministère du commerce doit perdre le tourisme qui
mérite un département à lui seul, sinon le rattacher à la culture (le tourisme
culturel est la seule ressource que nous pouvons développer).
La présidence de l’Union Africaine impose aussi
de créer un département des affaires africaines et de donner au ministre des
affaires étrangères la latitude de faire des consultations politiques avec les
différents acteurs, y compris les plus éloignés du pouvoir pour discuter des
orientations et des choix stratégiques.
Avec ou sans les
réformes, le nouveau gouvernement est attendu pour les heures qui viennent. Il aura
une espérance de vie d’à peine quatre mois car il doit absolument être «re-formé» au lendemain de la
présidentielle dont on ne sait pas encore la date. On sait quand même que le
collège électoral doit nécessairement être convoqué en mars. On est déjà en
février.