Enfin !
va-t-on s’exclamer. Tellement, rien ne se passait de ce côté-là. Enfin, un
remaniement, on ne va pas dire un réaménagement du gouvernement parce que nous
savons peu de ce qui a causé le limogeage de Ismael Ould Bodde Ould Cheikh
Sidiya (il faut aller jusqu’au bout de la filiation) et Ba Housseinou. Le premier
était ministre de l’habitat et de l’urbanisme, le second celui de la santé.
Ould
Cheikh Sidiya est un centralien dont la nomination répondait à deux impératifs :
le débauchage dans les rangs du Rassemblement des forces démocratiques et la
parentèle immédiate de son président Ahmed Ould Daddah, et son expérience
relative dans le projet de reconstruction de Tintane. On avait salué cette
nomination qui satisfaisait le souci du dosage politique intéressant pour l’autorité,
et celui de la compétence qui importait aux administrés. Il aura été l’homme du
«tarhil», celui de la création de nouvelles agglomérations et celui de
la restructuration des gazras et autres habitats anarchiques. Son action est
très controversée, même si au fond il a réussi à changer la physionomie des
grandes villes du pays (Nouakchott et Nouadhibou). Peut-être pour cela qu’on l’attend
rapidement ailleurs, probablement à la tête du projet «Nouadhibou, zone
franche».
Ba
Housseinou, lui, a été nommé à la santé après un passage à l’environnement. Homme
dont la compétence est reconnue par tous, il reste suspecté de toujours vouloir
tremper dans le système D. Ce n’est certainement pas l’affaire de la
vaccination qui a emporté deux enfants du côté de R’Kiz qui a provoqué son
limogeage. Avant de quitter le ministère, il aura fait une victime : l’ancien
secrétaire général, Sidi Aly Ould Sidi Boubacar qui aurait été «sacrifié»
pour couvrir une malversation imputable à son patron.
Ould
Cheikh Sidiya est remplacé par Ba Yahya, un cadre de la BCM qui a été l’un des
rédacteurs des statuts et des textes de la Banque entre 2006 et 2009. Il a été
nommé comme président de la Commission centrale des marchés qu’il a dirigée
pendant quelques mois. Avant de rendre le tablier suite à une affaire jamais
élucidée. Travailleur et discret, Ba Yahya reste une solution de rechange :
on congédie un Ba pour en prendre un autre. Celui qui est promu a une assise
sociale locale assez ancrée.
Ba
Housseinou est remplacé à la santé par un jeune cadre du nom de Ahmedou Ould
Jelvoune. Originaire de Timbédra du Hodh Echargui, Ould Jelvoune a travaillé un
peu partout et sur tous les programmes. On lui reconnait volontiers une grande
maitrise de ses dossiers et une personnalité assez développée pour l’amener à
dire ce qu’il pense quand il le faut. Certains de ses compagnons se souviennent
encore de ses clashs pendant la mise en œuvre du PSI (le programme d’urgence du
Président Sidi Ould Cheikh Abdallahi).
Ces
nominations, ajoutées à celles du Conseil des ministres de jeudi qui a vu notamment
l’ancien Wali Mohamed Ould Didi nommé au poste de président de l’Autorité de
régulation du transport, nous rappellent que nous sommes déjà à la veille d’échéances
électorales importantes. Pour les préparer, il va falloir, au plus vite,
redéployer alliances et jokers pour s’assurer la loyauté du plus grand nombre,
surtout des «grands électeurs».
En
attendant de faire clairement le lien et de voir la tendance se confirmer, ce
léger remaniement répond concrètement aux différentes demandes quant à la
désignation d’un gouvernement d’union nationale. Le remaniement nous dit que
cette formule n’est pas à l’ordre du jour. A bon entendeur, salut !