lundi 19 novembre 2018

Editorial 761


Le décor est planté. Ou presque. Le dispositif mis en place par le Président Mohamed Ould Abdel Aziz pour préparer l’échéance de 2019 semble prendre forme. Il s’articule autour de ses hommes de confiance, ceux qui ne peuvent être soupçonnés d’arrivisme, d’opportunisme ou de fausse loyauté, ceux qui ont fait leurs preuves en tout : efficacité, constance, fidélité, dévouement…
La composition du nouveau gouvernement annonce à peu près de quoi demain sera fait. Nettement rehaussé par la présence du Chef d’Etat Major des Armées, le Général Mohamed Ould El Ghazwani comme ministre de la défense, ce gouvernement semble être celui de la consolidation de l’existant tout en incarnant l’espoir d’une reprise en main. Laquelle commence par l’apaisement des relations.
Finies les querelles qui ont rongé le système ces deux ou trois dernières années. Finie la tension permanente avec les protagonistes traités en ennemis et non en partenaires.
La mise en place de la nouvelle Assemblée nationale avait déjà permis de hisser à sa tête Cheikh Ould Baya, le député de Zouerate et ancien président de l’Association des Maires de Mauritanie.
Homme de confiance, Ould Baya croit profondément aux vertus du dialogue, mieux, à la nécessité et à la possibilité de convergence en matière politique. Le processus de désignation de son bureau, mais aussi celui de la mise en place du conseil régional du Tiris Zemmour et du Conseil municipal de Zouerate, ont donné la preuve de ce souci, constant chez lui, de chercher le consensus surtout quand il est possible.
La pièce manquante du puzzle est l’instance dirigeante du parti Union pour la République qui tient son congrès dans la deuxième moitié de décembre prochain. Mais on peut dire dès à présent que le décor planté jusque-là, est celui qui va permettre d’apaiser les rapports, de les normaliser et pourquoi pas de faire converger l’ensemble des acteurs politiques pour permettre un tan soit peu de sérénité…
La Mauritanie qui parait aujourd’hui un pivot de stabilisation du Sahel, est un pays fragile. Sur le plan intérieur, l’échec patent des politiques à proposer et/ou à accompagner, les secousses récentes et anciennes, les tares sociales structurelles, les déficits de gouvernance accumulés, bref… le lourd héritage des décennies d’errements a traumatisé les acteurs les empêchant de réfléchir, de se projeter pour anticiper. Ils se sont contentés de courir après les événements sans pouvoir jamais rattraper le temps et les occasions perdus. Résultat : une société émiettée et une élite déresponsabilisée.
Sur le plan régional, la Mauritanie est entourée de problématiques dont le débordement ici est un risque énorme.
Au nord, le conflit du Sahara qui bout constamment. Avec lui la question des Bidhanes au Maroc, de la succession en Algérie, de la stabilisation en Libye… A l’est et au sud-est, l’Azawad et la question peule qui créent l’environnement propice au développement et à l’implantation des groupes extrémistes religieux et ethniques. Au sud, les convulsions qui frappent de temps en temps des pays et des sociétés qui, comme nous, ne sont pas encore arrivés à leurs points d’équilibre.
Les richesses, gaz et pétrole, qui s’annoncent sont certainement des facteurs aggravant pour ce qu’ils attirent de convoitises. Nous oublions souvent que les quantités annoncées nécessitent une ressource humaine (savoir-faire, technicité…) que nous n’avons pas mais que tous les autres ont. Nous oublions aussi que la présence de grandes sociétés multinationales (Majors, comme on dit) est nécessairement une menace sur la souveraineté et même sur la cohésion des pays où les richesses sont exploitées.
C’est seulement quand on aura jaugé et jugé ces menaces que nous comprendrons que «quelque chose» peu être fait. Que «quelque chose» doit être fait.
Pour consolider le front intérieur en répondant aux attentes légitimes et dont l’expression peut (ou pas) comporter quelques exagérations. Les populismes se nourrissent sur l’incompétence des acteurs. La meilleure façon de leur barrer la route, est de traiter sereinement et intelligemment les revendications.
Pour renforcer le statut de la Mauritanie comme pôle de stabilisation et comme élément facilitateur dans une région en pleine ébullition.
2019 est un rendez-vous crucial. En décidant de respecter son serment et de se conformer aux dispositions de la Constitution en matière de mandats, le Président Mohamed Ould Abdel Aziz permet d’ouvrir une nouvelle fois, la porte de l’espérance avec en prime la possible expérience d’une alternance au pouvoir annoncée. Cela rapportera mieux et plus à la Mauritanie que le gaz, le pétrole et que tous les métaux précieux du monde.
Inchaa Allah

Portrait : Qui est Mohamed Ould El Ghazwani ?


Le Général de Division Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed est aussi à l’aise dans ses habits civils que dans la tenue militaire. Sa carrière militaire devait nécessairement être couronnée par cette consécration au ministère de la défense. Il est ainsi le premier militaire à occuper le poste depuis le temps du Comité militaire de Salut national qui a dirigé le pays de 1979 à 1992.
Quand ils ont provoqué la chute du régime de Ould Taya le 3 août 2005, les deux jeunes colonels avaient imposé le principe de ne confier aucun poste ministériel à un militaire. Mohamed Ould Abdel Aziz et Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed (El Ghazwani) donnaient ainsi le la d’une vision marquée par une profonde aspiration au changement. Même quand il y eut l’intermède du Haut Conseil d’Etat (2008-2009), le gouvernement est resté entièrement civil. Y compris le portefeuille de la défense qui revint au moment de la transition du gouvernement d’union nationale à une personnalité du Rassemblement des forces démocratiques, feu Yedali Ould Cheikh. Le caractère très conciliant du Général El Ghazwani devait permettre de passer l’épreuve d’une cohabitation annoncée pourtant difficile sinon impossible.

Le Marabout chef de Bataillon

Né en 1956 à Boumdeid, Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed est le petit-fils d’un moine érudit de la confrérie El Ghodhf qui se distingue par le désintéressement des choses du «monde Ici-bas» et par une dévotion complète à la suprématie absolue du Créateur. Une vision qui se traduit par l’ancrage de valeurs comme la modération, l’abnégation, l’humilité et le sens du partage et de la solidarité.
Rien ne le prédestinait au métier des armes, lui qui a reçu un solide enseignement religieux, digne du milieu dans lequel il est né. Le Coran, puis les abécédaires de l’enseignement dispensé dans les plus grandes Mahadras et auprès des grands érudits de l’époque. L’ouverture d’esprit de son père, vénéré parmi les siens, lui ouvre la voie de l’école moderne. Il obtient son baccalauréat en 1977 à Rosso et s’engage sous les couleurs de l’Armée nationale le 15 octobre 1978. Le pays n’est pas encore sorti de la guerre du Sahara et l’Armée n’est pas encore ce débouché fatal pour ceux qui ambitionnent peu ou prou de peser sur le devenir du pays. Pour rappel, Mohamed Ould Abdel Aziz a rejoint les rangs en mars 1977. Autant dire que les deux hommes qui seront le tandem d’après, font partie de la génération de jeunes attirés par le métier et non par la soif du pouvoir. Les années qui suivront verront les groupuscules politiques infiltrer le corps de l’Armée pour faire main basse sur le pouvoir. Ils ne font pas partie de ceux-là.
Ils appartiennent forcément à des générations d’officiers qui n’ont pas été impliqués dans le 10 juillet 1978 et qui n’ont donc pas eu à porter de responsabilité quelconque dans la gestion catastrophique du pouvoir par les militaires du Comité militaire de redressement national (CMRN) puis du Salut national (CMSN).
C’est à l’Académie Royale de Mekhnès que les deux hommes se rencontrent et s’apprécient. Des points communs : la réserve et le sens du devoir.
Revenu en Mauritanie, Ould El Ghazwani commande des unités opérationnelles un peu partout dans le pays. C’est en 1987 qu’il connaît sa première grande promotion. En effet il est nommé alors aide de camp du Chef d’Etat. En 1989, au lendemain des événements, il fait partie de la délégation qui accompagne le Président Ould Taya en Irak pour sceller l’alliance entre les deux régimes de l’époque. A l’intérieur du pays, Ould Taya avait engagé une chasse aux Baathistes, sur le plan de la diplomatie, le régime de Baghdad devenait son parrain. L’homme n’était pas à une contradiction près.
Première conséquence de ce voyage : l’Irak offre une unité de blindés à Ould Taya. C’est son aide de camp qui est choisi pour faire un stage de formation sur l’utilisation de ces blindés. Tout en étant en Irak pour cela, Ould El Ghazwani n’est remplacé au poste d’aide de camp qu’en 1992, au lendemain de son retour. Il est chargé alors de monter l’unité des blindés qui fera partie du dispositif de sécurité du Président. Il s’agit du fameux Bataillon des Blindés (BB). C’est lui naturellement qui le dirige, même s’il est secondé par un proche du Président qui ne semble avoir confiance totalement qu’à ses proches.
Il effectue plusieurs stages dont une formation à l’Ecole de guerre en Jordanie mais reste commandant du BB. En juin 2003, il est là-bas quand éclate la mutinerie du 8 juin. Quelques officiers avaient mis la main sur le commandement du BB pour exécuter un complot finalement mal préparé et mal exécuté.

Un officier républicain

A son retour, il quitte le BB qui ne redeviendra jamais ce qu’il fut : une unité d’élite. Mohamed Ould El Ghazwani est nommé plus tard directeur du deuxième Bureau de l’Armée, celui des renseignements militaires. Il y arrive alors que ce bureau était gangrené par la délation et l’inefficacité. Il essaye de restaurer le système de renseignements militaires. Mais il coïncide avec le procès de Wad Naga.
Comme son alter ego, Mohamed Ould Abdel Aziz, commandant du BASEP (bataillon de sécurité présidentielle), comme Cheikh Ould Baya commandant alors la Marine, Mohamed Ould El Ghazwani refuse de verser dans le mauvais traitement des officiers lors des enquêtes préliminaires. Les soldats, sous-officiers et officiers parqués à l’époque dans une prison de fortune, se souviennent encore de la diligence de ces jeunes officiers qui furent les seuls, avec l’officier Mohamed Ahmed Ould Ismael à avoir risqué leurs carrières en dénonçant les traitements subis par les prévenus putschistes.
Plus tard, lors du procès de Wad Naga, le chef du Deuxième Bureau et le commandant du BASEP joueront un rôle déterminant dans la conclusion heureuse du verdict avec notamment l’absence de condamnation à mort.
Le 3 août 2005, son nom est le quatrième sur la liste du Comité Militaire pour la Justice et la Démocratie (CMJD). Après les colonels Eli Ould Mohamed Val, Abderrahmane Ould Boubacar et Mohamed Ould Abdel Aziz. Mais cet ordre ne trompe personne. Ce sont les cadets qui ont poussé les ainés à prendre le train en marche. Ils croyaient avoir besoin de l’onction des gens du système pour assurer un changement serein.
Même sils avaient très bien entamé le processus de changement en imposant un calendrier étalé sur 19 mois, les deux jeunes officiers seront vite rattrapés par leur refus de rompre brutalement avec le passé et ses hommes.
L’évolution dans un milieu hostile va aiguiser en eux le réflexe de survie qui nourrit le sens de l’initiative, mais surtout le sens du destin commun. Les tentatives des uns et des autres de les séparer vont justement produire l’effet contraire : après avoir été des compagnons d’armes et des amis, ils deviennent des frères.
Les épreuves vont se succéder pour rendre encore plus intense la relation et le sens de la loyauté de l’un vis-à-vis de l’autre.

Chef de guerre contre le terrorisme

Relativement retiré de la scène publique, le Général Mohamed Ould El Ghazwani prend la tête de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN). Il réussit à mettre en valeur les compétences de l’encadrement de la DGSN pour les mettre à profit dans la lutte contre le banditisme et le crime transfrontalier. Sous son commandement, la police réussit à neutraliser les cellules dormantes d’Al Qaeda, à démanteler les filières de trafic de drogue en passe déjà de contrôler le pays et à restaurer la confiance entre la sécurité nationale et le citoyen.
En 2008, le Général Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed est nommé Chef d’Etat Major national, avant la restructuration qui en fera le Chef d’Etat Major des Armées.
C’est sous son commandement que la lutte contre les groupes terroristes est véritablement engagée. La remise à niveau de l’Armée nationale permet justement de promouvoir les compétences, de procéder aux recrutements nécessaires, d’engager les dépenses et de les exécuter en vue de donner à notre Armée nationale les moyens d’assurer la sécurité du pays. L’entreprise est réussie et la Mauritanie échappe au destin que les Jihadistes avaient décidé pour le Mali et la région en général.
Véritable chef de guerre, il réussit à impulser le sens de l’anticipation et de la prévention. Des attaques sont lancées contre l’ennemi, dans le territoire qu’il s’est approprié. Faire changer la peur de camp, mission réussie.
Mais ses préoccupations militaires ne l’empêchent pas de tisser de grandes relations stratégiques avec les partenaires de la Mauritanie. Il comprend bien que la sécurité est un élément revalorisant de la diplomatie. Le rapprochement avec la France, les Etats-Unis, les pays sahéliens, les Emirats Arabes, l’Arabie Saoudite, s’est d’abord passé à travers la coopération militaire. Ce qui donne au Général Mohamed Ould El Ghazwani une notoriété internationale indéniable.
Malgré ses élans de «guerrier», il a gardé ce fond culturel de modérateur, de pacificateur. Cela se traduit par un sens aigu de l’écoute, par un sentiment de «douceur» qui irradie sur l’environnement dans lequel il évolue, par une franche empathie qui réconforte.
Au-delà des supputations, sport favori sous nos latitudes, l’entrée du Général de Division Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed Ould El Ghazwani dans la mouture gouvernementale est loin d’être une effraction. Elle découle du déroulement naturel du processus qui doit rassurer, dès à présent, sur l’avenir du pays.

Gouvernement : Petit changement, Grande évolution


On l’attendait depuis très longtemps. Cela n’est arrivé que la semaine dernière. Quatre ministres sont partis, trois ont fait leur entrée. A première vue, un petit changement, à y regarder de près une grande évolution.
Lecture.

Lundi 29 octobre, à la mi-journée, la Mauritanie apprend que l’ingénieur Yahya Ould Hademine a finalement présenté la démission de son gouvernement au Président de la République. L’événement, très attendu depuis quelques mois, surtout depuis la mise en place du bureau de la nouvelle Assemblée nationale, est de taille. D’ailleurs TVM l’annonce en urgence avant de diffuser la déclaration du démissionnaire. Quelques phrases pour signifier toute sa reconnaissance au Président qui lui a fait confiance et qui lui a permis de participer à l’effort de construction nationale.
C’est par la même TVM que nous confirmons aussi la nomination de son successeur, Mohamed Salem Ould Bechir, jusque-là Administrateur-Directeur général de la Société Nationale industrielle et minière (SNIM). Il aura 24 heures pour désigner son gouvernement. Mercredi 31 octobre, encore en milieu de journée, l’annonce tombe.
Un gouvernement légèrement diminué avec deux départements en moins, soit 24 membres dont 7 femmes. Quatre personnes ont quitté le gouvernement pour laisser entrer trois nouvelles figures.
Pressenti Président du Conseil constitutionnel, Diallo Mamadou Bathia cède sa place au Général de Division Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed Ould El Ghazwani qui devra visiblement cumuler son portefeuille ministériel avec sa fonction de Chef d’Etat Major des Armées. Cette nomination surprend dans la mesure où la Mauritanie n’avait plus eu de militaire à ce poste depuis 1992. D’autant plus que les auteurs du coup d’Etat d’août 2005 s’étaient interdit de nommer un militaire dans le gouvernement.
On peut affirmer à ce stade qu’elle permet au Général jusque-là exclusivement occupé par sa mission militaire, au moins d’apparaitre publiquement dans la tenue civile. Lui qui va à la retraite dans moins de deux mois aura aussi à préparer sa relève à la tête des forces armées et de sécurité.
Mohamed Abdallahi Ould Oudaa, Mohamed Lemine Ould Cheikh et Coumba Bâ quittent aussi le gouvernement.
Au porte-parolat du gouvernement, Ould Cheikh est remplacé par Me Sidi Mohamed Ould Maham, le président du parti Union pour la République (parti au pouvoir). Ce choix trahit la volonté de se préparer à des batailles politiques où la compétence en plaidoyer est demandée. Me Ould Maham qui a déjà fait ses preuves au même poste, est un tribun de grande qualité. Son parcours lui a permis de se frotter aux forces politiques en présence et sa parole peut engager son gouvernement.
Autre nouvelle figure, Mme Djindah Bal, une jeune battante appartenant à ce microcosme des jeunes entrepreneurs férus de technologies nouvelles. A l’heure des startups, elle est toute indiquée pour le département de la jeunesse et des sports mal pourvu depuis quelques années.
Les ministres (re)nommés ont soit gardé leurs départements, soit changé de portefeuilles. C’est ainsi que Naha Mint Mouknass dont le parti (Union pour la démocratie et le progrès) s’est imposé comme troisième force politique lors des dernières élections, hérite de l’éducation nationale. Le secteur malade de l’absence d’initiative et d’action. La dernière grande tentative de le réformer date du passage de Mme Nebghouha Mint Haba (2007-2008). Depuis, on est revenu à la gestion quotidienne des affectations et des établissements scolaires. Aucune réforme n’a été engagée malgré la tenue des états de l’éducation. Le prédécesseur de Mint Mouknass, Isselmou Ould Sidi El Moktar va au ministère de l’hydraulique où l’attend le dossier de l’assainissement de Nouakchott mais aussi celui de la gestion de l’eau dans un pays désertique où il faut trouver des solutions pérennes aux problèmes d’approvisionnement des populations et des industries.
Contrairement au secteur de l’éducation natinale, l’enseignement supérieur a connu une grande réforme impulsée par le ministre Sidi Ould Salem, un professeur d’université qui a eu le courage et la ténacité nécessaire pour imposer une gouvernance toute neuve au département. Malgré l’hostilité générale, Ould Salem a tenu.
Seyidna Ali Ould Mohamed Khouna retrouve le ministère de la Fonction publique et de la Modernisation de l’administration auxquelles on a ajouté l’emploi. Son passage précédent à la tête de ce département lui avait permis d’introduire nombre de textes fondamentaux, notamment ceux sur l’adéquation de la rémunération des fonctionnaires, de leurs statuts et de la gestion de leurs carrières. Revenir pour compléter le travail accompli probablement par la réforme des retraites.
Nani Ould Chrouqa quitte la pêche où il a pu impulser une stratégie basée sur la gestion efficiente de la ressource, la maitrise des outils d’exploitation et la création d’une infrastructure à même de permettre l’intégration de l’activité dans le tissu économique. Le grand objectif de cette stratégie est de faire profiter la Mauritanie de la nouvelle gouvernance du secteur et son peuple des retombées de l’activité (emplois, profits, transformation). Il va à l’urbanisme, véritable bombe sociale même si d’énormes efforts ont été consentis par les pouvoirs publics pour atténuer les effets d’une pression démographique sans précédent sur les milieux urbains.
Il y a les ministres de la continuité, ceux qui sont restés là où ils étaient. C’est le cas de Moktar Ould Diaye, le tout-puissant ministre de l’économie et des finances qui survit à la campagne menée contre lui y compris par ses collègues. Il devra défendre le budget qu’il a élaboré devant le Parlement avant de l’exécuter dans les règles qu’il s’est fixé.
Le cas aussi de Mohamed Ould Abdel Vettah qui reste aux mines, énergie et pétrole. Ce jeune spécialiste en la matière, a pu convaincre de grandes sociétés d’exploitation à venir investir ici. Il est aussi l’artisan de l’accord entre le Sénégal et la Mauritanie en vue de l’exploitation du champ gazier de Tortue-Ahmeyim.
Avec Amal Mint Maouloud, Ould Diaye et Ould Abdel Vettah sont aussi membres de la commission chargée de redynamiser l’UPR et dont la mission ne se termine qu’avec le congrès ordinaire de décembre.
Un gouvernement politique si l’on veut. La nouvelle composition ne peut échapper à la grille de lecture prenant en compte la présidentielle de 2019. Le choix de Mohamed Salem Ould Bechir révèle un souci d’apaisement et d’efficacité. Ce jeune technocrate, même s’il ne fera que ce qu’on lui demandera de faire, n’est pas porté sur l’entretien d’atmosphère délétère pour pouvoir se maintenir. Libéré des occupations politiciennes, sa mission sera celle de travailler pour l’accomplissement d’une multitude de projets en suspend.    
Cap sur 2019 ? Ajouté à l’élection de Cheikh Ould Baya à la Présidence du nouveau Parlement, la composition du nouveau gouvernement semble bien être le prélude à une transition qui ne dit pas son nom.