Deux
images sont à retenir de ce qui nous parvient de la scène de Zouérate.
La
première image est celle qui porte préjudice au mouvement de grève d’une partie
des travailleurs. Elle concerne ce soutien mal-t-à-propos déclaré par le
Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU) au mouvement. Avec les
déclarations du FNDU, on a l’impression qu’il y a là tentative de récupération
de la grève par des acteurs politiques qui ont jusque-là perdu l’initiative
face au Pouvoir en place. On sait déjà que les centrales ayant appelé à ce
mouvement de grève sont toutes membres à part entière du FNDU dont l’un des
objectifs déclaré est bien la déstabilisation du régime par les moyens légaux…
dont la grève.
Tout
commence par une décision des six (sur un total de 14) délégués de la Confédération générale des travailleurs
de Mauritanie (CGTM) dont les accointances avec l’Union des forces du progrès (UFP)
sont de notoriété publique et dont l’appartenance au FNDU relève de la position
de principe. Les six délégués seront rejoints plus tard par ceux d’autres
syndicats faisant eux aussi partie du pôle syndical du FNDU (la CNTM proche de
Tawassoul, la CLTM dont le parti Al Moustaqbla est une émanation…). Mais malgré
l’évidence de l’interférence politique, les travailleurs de Zouérate ont pu
maintenir le caractère purement revendicatif du mouvement par le truchement
d’actions et de déclarations spectaculaires sur les mobiles et sur les
prédispositions vis-à-vis du régime en place. C’est justement ce caractère
revendicatif que le positionnement du FNDU vient de dynamiter par ses
déclarations mal venues. L’interférence politique va certainement changer le
cours des choses dans les jours qui viennent. Elle donne déjà un argument de
plus à la direction de la société qui a accusé dès le début, le mouvement de
relever d’un agenda politique autre que celui qui se limite à la défense des
intérêts des travailleurs.
La
deuxième image est celle que nous relatent les chaines qui se sont ruées
brusquement vers le Nord pour couvrir les évènements. On ne peut que relever le
caractère suspect de ce brusque intérêt à une situation qui perdurait depuis
quelques temps. Soit.
Mais
les images qui nous sont rapportées nous montrent une scène plurielle et
libérée des contingences sociales. Les vieux qui sont là accompagnent le
mouvement d’ensemble de la jeunesse qui en fait une grande kermesse. Noirs et
blancs, jaunes et gris, filles et garçons, hommes et femmes, ouvriers et
cadres… tous envahissent l’espace dit «place de l’indépendance» pour
faire la fête. Sans violence et avec beaucoup de responsabilité et
d’abnégation.
Après
les manifestations de Nouakchott qui rassemblent ces jours-ci toujours une
tribu, un groupe ethnique, une frange professionnelle de la population… voilà
que les travailleurs de Zouérate nous rappellent que l’action des corporations
est le cadre idéal pour développer un mouvement revendicatif qui concerne
toutes les franges de la population. Une image que certains tenteront d’altérer
en faisant appel à l’interférence d’acteurs ethniques, tribaux, régionalistes…
une image que nous devrons tous travailler à préserver parce qu’elle sert le
pays en revivifiant cette fibre unitaire qui a longtemps servi à consolider les
solidarités nationales.
Jusqu’à
présent, la SNIM a pu maintenir son activité : les chargements continuent
visiblement à se faire et tout ce qu’on lui prédisait de revers n’est
heureusement pas encore au rendez-vous. Selon les données fournies par la
société plus d’un million de tonnes de fer ont été produites en février alors
que le volume réalisé a dépassé les prévisions de 15,7%. Mais au lieu d’être
une raison pour l’entêtement, cette performance doit pousser les deux parties à
plus d’ouverture pour éviter les risques réels qui peuvent découler du
pourrissement de la situation.
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