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lundi 16 mars 2015

Images de Zouérate

Deux images sont à retenir de ce qui nous parvient de la scène de Zouérate.
La première image est celle qui porte préjudice au mouvement de grève d’une partie des travailleurs. Elle concerne ce soutien mal-t-à-propos déclaré par le Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU) au mouvement. Avec les déclarations du FNDU, on a l’impression qu’il y a là tentative de récupération de la grève par des acteurs politiques qui ont jusque-là perdu l’initiative face au Pouvoir en place. On sait déjà que les centrales ayant appelé à ce mouvement de grève sont toutes membres à part entière du FNDU dont l’un des objectifs déclaré est bien la déstabilisation du régime par les moyens légaux… dont la grève.
Tout commence par une décision des six (sur un total de 14) délégués  de la Confédération générale des travailleurs de Mauritanie (CGTM) dont les accointances avec l’Union des forces du progrès (UFP) sont de notoriété publique et dont l’appartenance au FNDU relève de la position de principe. Les six délégués seront rejoints plus tard par ceux d’autres syndicats faisant eux aussi partie du pôle syndical du FNDU (la CNTM proche de Tawassoul, la CLTM dont le parti Al Moustaqbla est une émanation…). Mais malgré l’évidence de l’interférence politique, les travailleurs de Zouérate ont pu maintenir le caractère purement revendicatif du mouvement par le truchement d’actions et de déclarations spectaculaires sur les mobiles et sur les prédispositions vis-à-vis du régime en place. C’est justement ce caractère revendicatif que le positionnement du FNDU vient de dynamiter par ses déclarations mal venues. L’interférence politique va certainement changer le cours des choses dans les jours qui viennent. Elle donne déjà un argument de plus à la direction de la société qui a accusé dès le début, le mouvement de relever d’un agenda politique autre que celui qui se limite à la défense des intérêts des travailleurs.
La deuxième image est celle que nous relatent les chaines qui se sont ruées brusquement vers le Nord pour couvrir les évènements. On ne peut que relever le caractère suspect de ce brusque intérêt à une situation qui perdurait depuis quelques temps. Soit.
Mais les images qui nous sont rapportées nous montrent une scène plurielle et libérée des contingences sociales. Les vieux qui sont là accompagnent le mouvement d’ensemble de la jeunesse qui en fait une grande kermesse. Noirs et blancs, jaunes et gris, filles et garçons, hommes et femmes, ouvriers et cadres… tous envahissent l’espace dit «place de l’indépendance» pour faire la fête. Sans violence et avec beaucoup de responsabilité et d’abnégation.
Après les manifestations de Nouakchott qui rassemblent ces jours-ci toujours une tribu, un groupe ethnique, une frange professionnelle de la population… voilà que les travailleurs de Zouérate nous rappellent que l’action des corporations est le cadre idéal pour développer un mouvement revendicatif qui concerne toutes les franges de la population. Une image que certains tenteront d’altérer en faisant appel à l’interférence d’acteurs ethniques, tribaux, régionalistes… une image que nous devrons tous travailler à préserver parce qu’elle sert le pays en revivifiant cette fibre unitaire qui a longtemps servi à consolider les solidarités nationales.

Jusqu’à présent, la SNIM a pu maintenir son activité : les chargements continuent visiblement à se faire et tout ce qu’on lui prédisait de revers n’est heureusement pas encore au rendez-vous. Selon les données fournies par la société plus d’un million de tonnes de fer ont été produites en février alors que le volume réalisé a dépassé les prévisions de 15,7%. Mais au lieu d’être une raison pour l’entêtement, cette performance doit pousser les deux parties à plus d’ouverture pour éviter les risques réels qui peuvent découler du pourrissement de la situation.

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