Le
Monde célèbre les quatre années de guerre en Syrie. Au tout début du mouvement,
Al Jazeera et Al Arabiya – des chaines mobilisées pour soutenir la rébellion
syrienne – nous ont promis une promenade de santé qui va voir Bachar al Assad
quitter le pouvoir pour être remplacé par un gouvernement démocratiquement
élu et des institutions républicaines dignes de ce nom.
Très
vite, les puissances étrangères sous la houlette des pays du Golf, vont
entreprendre l’armement des rebelles poussant vers une militarisation de la
confrontation. Nous ne le dirons jamais assez : l’objectif était d’abord
la destruction d’un pays qui a donné l’impression de refuser le diktat
américain et israélien dans la zone. Cet objectif-là est atteint, et même
largement atteint.
La
Syrie d’aujourd’hui n’a rien à voir avec celle du 15 mars 2011. Un pays qui
assurait son autosuffisance alimentaire, sanitaire, qui avait une industrie
très développée, où la pauvreté n’existait presque pas, tout comme l’analphabétisme.
Un pays réputé être le moins cher de la région, le plus sûr aussi. Avec ses
universités prestigieuses, son Histoire millénaire, ses vestiges, ses musées,
ses églises, ses mosquées… Un pays qui préservait la pluralité culturelle et
ethnique de ses populations…
Commence
la cinquième année de la rébellion. Qu’en est-il de la Syrie ? Un pays
exsangue, détruit, pillé, divisé, détruit… Plus d’universités, plus de mosquées
historiques, plus de vestiges historiques, plus d’églises, plus de
convivialité, plus d’industries, plus d’unité territoriale…
Parce
que les monarchies du Golf et leurs alliés occidentaux ont voulu imposer la
démocratie. Parce qu’ils ont jugé qu’il n’y avait pas assez de liberté dans ce
pays tenu par un dictateur. On n’a jamais sur quel modèle de démocratie les
amis de l’Occident voulaient importer en Syrie. Est-ce le modèle saoudien ou le
modèle qatari ?
Toujours
est-il que les groupes islamistes ont commencé à installer leur pouvoir, à
délimiter chacun son Jihadistan. De ces groupes, deux ont particulièrement
réussi à s’installer : Jabhat al Nouçra affiliée à Al Qaeda et Da’esh
(Etat Islamique du Levant). Tous deux ont bénéficié de la complicité (sinon de
la duplicité) des puissances régionales et internationales. Les Américains y
voyaient la possibilité d’affaiblir le pouvoir irakien et par ricochet l’Iran. Les
Français croyaient que l’existence de tels mouvements pouvait inverser le
rapport de force au Liban en faveur des alliés locaux et au détriment du
Hezbollah. Les monarchies sunnites du Golf y voyaient une possibilité d’endiguer
l’influence iranienne dans l’espace chiite. D’autres pays arabes et européens y
trouvaient une opportunité de se débarrasser des radicaux égarés militants du
Jihadisme en les laissant aller sur un théâtre dont ils ne reviendront probablement
pas… Tout le monde croyait y trouver un compte.
Quatre
ans après, Bachar al Assad tient encore une grande partie du pays, son armée
semble prendre le dessus. C’est pourquoi l’Amérique se résout à la nécessité pour
elle de discuter avec le pouvoir d’Assad. La cinquième année qui débute sera
donc un tournant dans l’appréciation que la communauté internationale aura de
ce conflit.
En attendant, près de trois cents mille syriens sont
morts, dix millions ont été déplacés, on compte près de huit millions de
réfugiés dans des camps à l’extérieur. A qui la faute ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire