Il ne se
passe pas un jour sans que nos médias nous donnent de fausses informations sur
les attitudes politiques des uns et des autres. On nous dit ici que les
Ambassadeurs européens et américain s’en mêlent. Alors que c’est faux. Et là
que le Président de la République serait sur le point de rencontrer le Chef de
file de l’Opposition. Alors que c’est faux. Là encore que la Coordination a mis
sur pied une Commission chargée de dialoguer avec le pouvoir. Alors qu’il n’est
pas encore question de dialoguer.
On nous
dit encore que le Premier ministre Dr Moulaye Ould Mohamed Laghdaf a rencontré
d’autres figures autres que Jemil Mansour de Tawaçoul et qu’il aurait été
disposé à entrer en discussion avec la COD. Tout ça est faux.
En réalité,
chaque camp a exprimé ses prédispositions à dialoguer avec l’autre camp, sans
toutefois définir les modalités de ce dialogue, encore sa forme et son objet. Aucun
des camps ne sachant précisément ce qu’il veut, ni ce que veut son vis-à-vis,
on ne peut rien faire de concret. On sent chez chacun une sorte d’hésitation à
aller de l’avant pour dépasser les attitudes de rejet qui ont caractérisé les
relations politiques. Ce qui oblige à un sur-place que rompent des déclarations
tantôt «participationnistes» tantôt «boycottistes» de quelques figures plus
ou moins emblématiques de la COD. Ici on n’accepte pas de faire le mea culpa – «l’autocritique» comme diraient nos amis
de gauche – qui permet de rompre avec le refus d’agir et de prendre l’initiative.
Du coup, on continue à subir et à courir derrière les évènements. Plus grave,
on répète les erreurs du passé et on évite de faire l’analyse froide de la
situation.
Comme en juin
2009, quand les Accords de Dakar ont été paraphés en attendant leur signature à
Nouakchott puis leur mise en œuvre, on espère «gagner du temps» en tergiversant, en hésitant à y aller, en
discutant indéfiniment de l’attitude à avoir… Au même moment, comme en 2009, le
jeu continue de l’autre côté par la préparation des élections dont l’échéance a
été fixée et définitivement fixée. Comme en 2009, la COD perd le temps au lieu
d’en gagner. On se rappelle quand ses leaders avaient cru à un possible report
s’ils continuaient à «manœuvrer» et à
ruser, alors que la date du 18 juillet se rapprochait inexorablement et que le
principal challenger pour eux continuait lui à sillonner le pays, de village en
campement. C’est ici qu’il faut chercher l’explication de la large avance prise
par le candidat Mohamed Ould Abdel Aziz et qaui s’est traduite par un passage
au premier tour avec près de 53%.
Aujourd’hui
encore, les mêmes leaders s’obligent à rester sur Nouakchott – à Tevraq Zeina
précisément – pour discuter d’un sujet consommé à l’avance : des élections
dont la date a été fixée une première fois pour le 12 octobre avant d’être
reportée au 24 novembre pour permettre qu’un maximum de partis soit embarqué.
Il est
certain qu’au sein de la COD, il n’y aura pas d’accord sur le boycott ou sur la
participation. Certains partis ne peuvent se permettre de boycotter parce que
cet acte est synonyme pour eux de suicide politique. C’est le cas de Tawaçoul
qui a toutes les chances de bien s’en sortir pour une première bataille au nom
du parti. C’est en fait le seul parti de l’Opposition qui semble avoir bien
préparé ces élections à travers campagnes, prêches, actions sociales… Les
moyens de mener campagne ne lui manquant pas, Tawaçoul est le premier parti
lésé par l’indécision de ses partenaires.
L’Union
des forces du progrès (UFP) fait partie de ceux qui sont «idéologiquement» opposé à tout boycott. Le «compromis historique» de l’ère Moawiya avait pour justification
principale la nécessité d’exploiter toute brèche et toute ouverture pour «cultiver son jardin». Ce parti élitiste
a une base rurale qu’il ne peut abandonner et qu’il ne peut convaincre du
boycott. Même son aile «tagantoise» (de
Tagant) ne peut se résoudre à s’exclure au moment où elle croit ouvertes devant
elle toutes les chances de conquérir Tijikja, El Qidiya, Moudjéria…
Reste le
Rassemblement des forces démocratiques (RFD) qui semble le plus lourd à
entrainer sur la voie de la participation et même du dialogue avec le pouvoir. Le
boycott est une vieille habitude chez les leaders de ce parti. Même s’ils
doivent avoir tiré la conclusion quant à l’inefficacité d’une telle attitude
(au contraire), rien n’indique qu’ils sauront tirer les conclusions nécessaires
des expériences du passé. Personne ne reconnait parmi eux que le boycott de
1992 a pris la forme d’un «péché originel»
pour ce qui est du ratage démocratique historique de l’époque. Sans remettre en
cause le pouvoir en place, l’attitude boycott l’a plutôt servi.
Au sein de
la COD, c’est le consensus qui prime : le RFD, l’UFP ou Tawaçoul ne
peuvent décider sans l’accord de l’UNAD, du RDU ou du PLEJ. C’est ainsi que ce
corps s’interdit le mouvement et s’empêche d’être dynamique. Autant dire que l’attente
sera longue. La décision de participer ou non ne sera prise qu’à la dernière
heure. Comme toujours…
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