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mardi 10 septembre 2013

Dialogue, vous avez dit «dialogue» ?

Il ne se passe pas un jour sans que nos médias nous donnent de fausses informations sur les attitudes politiques des uns et des autres. On nous dit ici que les Ambassadeurs européens et américain s’en mêlent. Alors que c’est faux. Et là que le Président de la République serait sur le point de rencontrer le Chef de file de l’Opposition. Alors que c’est faux. Là encore que la Coordination a mis sur pied une Commission chargée de dialoguer avec le pouvoir. Alors qu’il n’est pas encore question de dialoguer.
On nous dit encore que le Premier ministre Dr Moulaye Ould Mohamed Laghdaf a rencontré d’autres figures autres que Jemil Mansour de Tawaçoul et qu’il aurait été disposé à entrer en discussion avec la COD. Tout ça est faux.
En réalité, chaque camp a exprimé ses prédispositions à dialoguer avec l’autre camp, sans toutefois définir les modalités de ce dialogue, encore sa forme et son objet. Aucun des camps ne sachant précisément ce qu’il veut, ni ce que veut son vis-à-vis, on ne peut rien faire de concret. On sent chez chacun une sorte d’hésitation à aller de l’avant pour dépasser les attitudes de rejet qui ont caractérisé les relations politiques. Ce qui oblige à un sur-place que rompent des déclarations tantôt «participationnistes» tantôt «boycottistes» de quelques figures plus ou moins emblématiques de la COD. Ici on n’accepte pas de faire le mea culpa – «l’autocritique» comme diraient nos amis de gauche – qui permet de rompre avec le refus d’agir et de prendre l’initiative. Du coup, on continue à subir et à courir derrière les évènements. Plus grave, on répète les erreurs du passé et on évite de faire l’analyse froide de la situation.
Comme en juin 2009, quand les Accords de Dakar ont été paraphés en attendant leur signature à Nouakchott puis leur mise en œuvre, on espère «gagner du temps» en tergiversant, en hésitant à y aller, en discutant indéfiniment de l’attitude à avoir… Au même moment, comme en 2009, le jeu continue de l’autre côté par la préparation des élections dont l’échéance a été fixée et définitivement fixée. Comme en 2009, la COD perd le temps au lieu d’en gagner. On se rappelle quand ses leaders avaient cru à un possible report s’ils continuaient à «manœuvrer» et à ruser, alors que la date du 18 juillet se rapprochait inexorablement et que le principal challenger pour eux continuait lui à sillonner le pays, de village en campement. C’est ici qu’il faut chercher l’explication de la large avance prise par le candidat Mohamed Ould Abdel Aziz et qaui s’est traduite par un passage au premier tour avec près de 53%.
Aujourd’hui encore, les mêmes leaders s’obligent à rester sur Nouakchott – à Tevraq Zeina précisément – pour discuter d’un sujet consommé à l’avance : des élections dont la date a été fixée une première fois pour le 12 octobre avant d’être reportée au 24 novembre pour permettre qu’un maximum de partis soit embarqué.
Il est certain qu’au sein de la COD, il n’y aura pas d’accord sur le boycott ou sur la participation. Certains partis ne peuvent se permettre de boycotter parce que cet acte est synonyme pour eux de suicide politique. C’est le cas de Tawaçoul qui a toutes les chances de bien s’en sortir pour une première bataille au nom du parti. C’est en fait le seul parti de l’Opposition qui semble avoir bien préparé ces élections à travers campagnes, prêches, actions sociales… Les moyens de mener campagne ne lui manquant pas, Tawaçoul est le premier parti lésé par l’indécision de ses partenaires.
L’Union des forces du progrès (UFP) fait partie de ceux qui sont «idéologiquement» opposé à tout boycott. Le «compromis historique» de l’ère Moawiya avait pour justification principale la nécessité d’exploiter toute brèche et toute ouverture pour «cultiver son jardin». Ce parti élitiste a une base rurale qu’il ne peut abandonner et qu’il ne peut convaincre du boycott. Même son aile «tagantoise» (de Tagant) ne peut se résoudre à s’exclure au moment où elle croit ouvertes devant elle toutes les chances de conquérir Tijikja, El Qidiya, Moudjéria…
Reste le Rassemblement des forces démocratiques (RFD) qui semble le plus lourd à entrainer sur la voie de la participation et même du dialogue avec le pouvoir. Le boycott est une vieille habitude chez les leaders de ce parti. Même s’ils doivent avoir tiré la conclusion quant à l’inefficacité d’une telle attitude (au contraire), rien n’indique qu’ils sauront tirer les conclusions nécessaires des expériences du passé. Personne ne reconnait parmi eux que le boycott de 1992 a pris la forme d’un «péché originel» pour ce qui est du ratage démocratique historique de l’époque. Sans remettre en cause le pouvoir en place, l’attitude boycott l’a plutôt servi.

Au sein de la COD, c’est le consensus qui prime : le RFD, l’UFP ou Tawaçoul ne peuvent décider sans l’accord de l’UNAD, du RDU ou du PLEJ. C’est ainsi que ce corps s’interdit le mouvement et s’empêche d’être dynamique. Autant dire que l’attente sera longue. La décision de participer ou non ne sera prise qu’à la dernière heure. Comme toujours…

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