La destruction des mausolées de Tombouctou a suscité un émoi
général. Même la CPI s’est exprimé pour l’assimiler à un crime contre l’Humanité.
L’acte est indiscutablement criminelle et barbare. Il est cependant la suite
logique des évènements qui ont mené les groupes obscurantistes à l’occupation
du Nord malien.
Ces évènements, je veux bien le rappeler aux cœurs fragiles, ont vu
les combattants de ces groupes égorger 83 soldats après les avoir fait
prisonniers. Des milliers de maliens innocents ont tout abandonné pour aller s’établir
dans des camps de fortune, perdant tout au passage : biens, tranquillité,
travail, parfois honneur… L’autre jour à Gao, on a vu ces combattants exécuter
un officier rebelle, déjà blessé et fait prisonnier.
Plus loin de nous les épisodes de Tourine en Mauritanie. Quand une
douzaine de Mauritaniens ont été assassinés, puis décapités avant de miner
leurs corps. Le britannique Dyer a été
égorgé par les mêmes groupes, tout comme le français Germaneau.
Tous ces actes n’ont ému que partiellement. En tout cas pas comme
la destruction des tombeaux. Ce qu’il faut comprendre ici, c’est que cet acte s’explique
par la lecture que se font les Salafistes de la religion. L’acte prochain est
probablement un immense autodafé qui verra la destruction d’une partie des
manuscrits de Tombouctou, de véritables trésors pour toute l’Humanité. Quand ce
sera fait ce sera trop tard de réagir.
Quelqu’un me disait l’autre jour, que l’attitude de la «communauté
internationale» sur cette question est un peu comparable à celle de Christine
Lagarde, directrice du FMI, quand elle oppose aux grecs, la nécessité d’apporter
de «penser aux enfants nigériens qui manquent de tout». L’image de ces enfants
qui vivent misérablement, qui manquent de tout, sert de faire-valoir à la
représentante d’une institution dont les politiques d’ajustement structurel
sont à l’origine de l’appauvrissement continuel des populations, à la ressortissante
d’un pays - et d’un pôle – qui pillent les ressources naturelles du Niger
(notamment l’uranium) sans occasionner de réelles retombées sur les populations
locales.
Le pourrissement que vit le Nord du Mali est bien le résultat d’une
politique hasardeuse qui allie paiement de rançons, instrumentalisation de
groupes armés, couverture de trafics, exacerbation des divergences entre
acteurs locaux… Elle est aussi la conséquence directe de l’intervention
militaire de l’OTAN en Libye. Elle en est un résultat, un dommage collatéral
va-t-on dire pour rester dans les «normes verbales» de cette communauté.
L’émoi manifesté aujourd’hui est d’abord un faire-valoir comme il
est un justificatif à une probable intervention qui se précise de jour en jour.
La «communauté internationale» se présentera en sauveur du patrimoine musulman
et humain. On en oubliera toutes les destructions en Irak, en Palestine, en
Afghanistan…
Pauvres de nous, nous sommes encore le dindon de la farce.
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