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mardi 3 juillet 2012

Hypocrisie, duplicité, manque de discernement


La destruction des mausolées de Tombouctou a suscité un émoi général. Même la CPI s’est exprimé pour l’assimiler à un crime contre l’Humanité. L’acte est indiscutablement criminelle et barbare. Il est cependant la suite logique des évènements qui ont mené les groupes obscurantistes à l’occupation du Nord malien.
Ces évènements, je veux bien le rappeler aux cœurs fragiles, ont vu les combattants de ces groupes égorger 83 soldats après les avoir fait prisonniers. Des milliers de maliens innocents ont tout abandonné pour aller s’établir dans des camps de fortune, perdant tout au passage : biens, tranquillité, travail, parfois honneur… L’autre jour à Gao, on a vu ces combattants exécuter un officier rebelle, déjà blessé et fait prisonnier.
Plus loin de nous les épisodes de Tourine en Mauritanie. Quand une douzaine de Mauritaniens ont été assassinés, puis décapités avant de miner leurs corps. Le britannique  Dyer a été égorgé par les mêmes groupes, tout comme le français Germaneau.
Tous ces actes n’ont ému que partiellement. En tout cas pas comme la destruction des tombeaux. Ce qu’il faut comprendre ici, c’est que cet acte s’explique par la lecture que se font les Salafistes de la religion. L’acte prochain est probablement un immense autodafé qui verra la destruction d’une partie des manuscrits de Tombouctou, de véritables trésors pour toute l’Humanité. Quand ce sera fait ce sera trop tard de réagir.
Quelqu’un me disait l’autre jour, que l’attitude de la «communauté internationale» sur cette question est un peu comparable à celle de Christine Lagarde, directrice du FMI, quand elle oppose aux grecs, la nécessité d’apporter de «penser aux enfants nigériens qui manquent de tout». L’image de ces enfants qui vivent misérablement, qui manquent de tout, sert de faire-valoir à la représentante d’une institution dont les politiques d’ajustement structurel sont à l’origine de l’appauvrissement continuel des populations, à la ressortissante d’un pays - et d’un pôle – qui pillent les ressources naturelles du Niger (notamment l’uranium) sans occasionner de réelles retombées sur les populations locales.
Le pourrissement que vit le Nord du Mali est bien le résultat d’une politique hasardeuse qui allie paiement de rançons, instrumentalisation de groupes armés, couverture de trafics, exacerbation des divergences entre acteurs locaux… Elle est aussi la conséquence directe de l’intervention militaire de l’OTAN en Libye. Elle en est un résultat, un dommage collatéral va-t-on dire pour rester dans les «normes verbales» de cette communauté.
L’émoi manifesté aujourd’hui est d’abord un faire-valoir comme il est un justificatif à une probable intervention qui se précise de jour en jour. La «communauté internationale» se présentera en sauveur du patrimoine musulman et humain. On en oubliera toutes les destructions en Irak, en Palestine, en Afghanistan…
Pauvres de nous, nous sommes encore le dindon de la farce.

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