La
presse n’a plus de place dans ce pays. D’abord ce gouvernement qui lui a coupé
les vivres avec la circulaire du Premier ministre interdisant la communication
et les abonnements de l’ordre public. Sous prétexte qu’il y avait une loi sur
la publicité en cours d’adoption.
La
circulaire date de février 2016 et nous sommes en avril 2018. La loi a été
adoptée mais n’a pas encore été mise en œuvre. Alors que le blocus est toujours
en vigueur… pas pour tout le monde.
Il
y a la presse écrite et électronique, fortement soutenue par de hauts
responsables et dont la fonction est de couvrir ses «sponsors» de fausses
qualités et de s’attaquer à leurs ennemis. L’objectif ici n’est pas de protéger
ou de défendre le système, mais des individus, quitte à tirer sur le Président
de la République et sa famille.
Le
résultat d’une telle action de sape se lira dans le classement de la Mauritanie
cette année. Mais il suffit de voir qu’une seule télévision fonctionne
actuellement sur les cinq privées, qu’aucune radio n’émet plus régulièrement.
De se rappeler la crise de la presse écrite dont le summum a été atteint avec
l’arrêt de parution des quotidiens Chaab et Horizons pendant quelques deux
semaines.
Jusqu’à
récemment, il ne restait à la presse que le respect du public, acteurs étatiques
et non étatiques, militants politiques et non politiques, défenseurs ou non des
droits…
Quand
éclate l’affaire des «négociations secrètes», les politiques concernés ont
essayé de faire porter la responsabilité de leur échec à la presse. Laissant entendre
la «perfidie», «l’inconscience», «la mauvaise volonté», «la nocivité»… de celui
qui a révélé l’existence d’un dialogue souterrain.
Le
rôle de la presse est bien de mettre à nu, de débusquer, de dénoncer s’il y a
lieu, de révéler au grand jour, d’expliquer et d’expliciter… bien sûr en
donnant la parole à ceux qui sont concernés pour être juste et complet.
Seulement
la plupart des concernés dans cette affaire ont préféré s’en remettre aux
bloggers, à Twitter et aux groupes de WhatsApp. On ne peut pas le leur
reprocher. Deux remarques s’imposent.
La
première est une explication avancée pour écarter ou éviter la presse. Les
journalistes qui qu’ils soient, sont de nature curieux. Ils sont demandeurs de
justificatifs et d’informations exactes. Contrairement aux militants qui
forment la masse de ceux auxquels les chefs de partis s’adressaient. Acquis à
la cause, indulgent vis-à-vis de ceux qui l’incarnent, l’auditoire ici n’est
pas source d’inquiétude.
La
deuxième découle de la première et relève d’un constat : ce ne sont plus
les instances dirigeantes des formations politiques qui décident des positions
à prendre, mais les utilisateurs des réseaux sociaux. La dictature de la pensée
unique commence ici. Tout comme le populisme.
Les
formations politiques et leurs dirigeants craignent plus aujourd’hui ce que ce blogger
va écrire sur leur engagement que ce que vont dire leurs militants. On en
oublie le passé de ces dirigeants et le parcours de ces formations. La
légitimité de la pensée vraie et os acteurs
même le monopole de la vérité reviennent à un inconnu sirotant calmement
un café et manipulant un clavier. Une horde de snipers s’est ainsi constituée
pour imposer son diktat à de vieilles formations politiques dont la plupart ont
hérité d’un combat qui date de la clandestinité. Les leaders de ces formations
se rendent sans combattre et acceptent ainsi de renoncer à leur conviction pour
ne pas exciter l’ire de ces hordes de snipers.
Le résultat pour nous est une dépréciation de
l’action politique qui commence par la réflexion. Si le premier venu peut se
sentir la légitimité de dicter sa réflexion aux vieux dirigeants et à leurs
formations, il n’y a plus rien à attendre d’eux. Et si les politiques n‘ont
plus besoin de la presse et le montrent, il n’y a plus rien à espérer de la
démocratie. Dont la presse doit être le reflet.
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