Les
concertations autour de la nouvelle stratégie de pêche prennent fin. Elles
auront permis d’entendre tous les acteurs se prononcer sur les grandes lignes
définies par le ministère. Renforçant ici un point, introduisant un autre là,
les acteurs doivent désormais considérer que la nouvelle stratégie est bien la
leur.
Cette
stratégie découle d’une analyse sans concession de la gestion des ressources
halieutiques. Elle s’approprie ce qui est positif dans l’expérience
mauritanienne, une expérience accumulée à travers près de quatre décennies
d’errements qui n’ont finalement pas permis d’intégrer la pêche à l’économie
nationale et d’en faire un moteur. Même si, ces dernières années, on peut noter
des avancées considérables notamment sur le plan de la surveillance de
l’activité, de sa gestion et de l’amélioration des profits tirés des accords
avec les partenaires étrangers. Les fraudes ont considérablement diminué et
l’impunité en la matière a cessé. Tandis que les accords sont réellement
négociés pour permettre à la Mauritanie d’en profiter (exemple : l’Accord
de pêche avec l’Union européenne).
Il
s’agit maintenant d’améliorer le système d’exploitation en actionnant deux
leviers : celui de la production et celui de la transformation pour
valoriser la ressource et en faire une mine d’emplois. Il s’agit ensuite de
préserver la ressource en contrôlant l’exploitation et notamment les outils de
production, en développant la recherche scientifique et en limitant la fraude
et les pillages qui continuent malgré les efforts consentis.
La
nouvelle stratégie (2015-2018) définit les objectifs comme suit : 1. Promouvoir une approche scientifique garantissant la préservation
et la diversification des ressources exploitables ; 2. Proposer un système d’exploitation rénové qui
réajuste les modes et les moyens d’accès aux potentiels exploitables des
ressources ; 3. Déterminer une approche réaliste et opérationnelle permettant une
réelle domestication des captures gage d’une intégration du secteur au tissu
économique nationale et la génération des retombées socioéconomiques qui en
sont attendues ; 4. Développer de nouveaux mécanismes pour une meilleure gestion des
affaires maritimes qui favorise la préservation du milieu marin et
l’exploitation du potentiel économique des activités maritimes ; 5. Concevoir un modèle de gouvernance qui
garantit une exploitation durablement responsable et optimale des ressources
halieutiques et une gestion saine et rentable de l’espace maritime national. (source : note conceptuelle de la stratégie)
Le secteur représente aujourd’hui 30% du budget national, 20% des
ressources du Trésor et 6% du PIB. Il permet d’employer environ 40.000
personnes pour un potentiel de 150.000 au bas mot si la ressource est exploitée
de manière plus efficiente, à même de permettre son intégration effective à
l’économie nationale et d’en faire un levier social (emploi). Il peut rapporter
un demi-milliard de dollars au lieu des deux cents millions actuels. Mais on
peut dire que les politiques menées jusqu’à récemment, faisaient profiter les
autres de cette manne économique et des opportunités sociales qu’elle
procurait. Ce sont les Européens, les Chinois, les Japonais, les Russes… qui
pompaient la ressource, chacun selon les arrangements trouvés avec les
autorités par l’intermédiaire de ses partenaires privés sur place. Tandis que
c’est le Sénégal qui a le plus employé dans le secteur chez nous.
Il faudra d’abord axer sur le système de production, les moyens, les types
de navires, les types de captures industrielles, côtières et artisanales, sur
les capacités de stockage et leur suivi. Ensuite engager une politique
volontariste de développement des infrastructures de base, de promotion de
l’industrialisation pour la création de valeur ajoutée. Enfin, séparer les
domaines de spécialisation : le producteur ne peut pas être forcément le
transformateur par exemple.
La parfaite connaissance de l’état de la ressource détermine tout le reste.
C’est effectivement à partir de là qu’on pourra savoir quel système
d’exploitation il nous faut. Pour ce faire, tenir compte des modes et des
moyens d’accès à la ressource. L’intérêt étant de «réaliser l’équilibre tant
recherché entre les exigences de préservation de la ressource et celles de la
maximisation de ses retombées sur la Collectivité nationale».
Sans le développement de la
transformation et la valorisation du produit, on ne peut espérer son
intégration effective à l’économie nationale. Cela passe par «la
domestication de la production». Parce que «l’absence d’investissement
public dans les infrastructures de services de base, tout au long de nos côtes,
associée à la vision rentière de l’exploitation de la ressource constituent un
frein important dans la domestication et la transformation de la ressource,
gage de création de valeur ajoutée et d’intégration du secteur à l’économie
nationale».
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