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lundi 9 février 2015

Autour de la nouvelle stratégie de pêche

Les concertations autour de la nouvelle stratégie de pêche prennent fin. Elles auront permis d’entendre tous les acteurs se prononcer sur les grandes lignes définies par le ministère. Renforçant ici un point, introduisant un autre là, les acteurs doivent désormais considérer que la nouvelle stratégie est bien la leur.
Cette stratégie découle d’une analyse sans concession de la gestion des ressources halieutiques. Elle s’approprie ce qui est positif dans l’expérience mauritanienne, une expérience accumulée à travers près de quatre décennies d’errements qui n’ont finalement pas permis d’intégrer la pêche à l’économie nationale et d’en faire un moteur. Même si, ces dernières années, on peut noter des avancées considérables notamment sur le plan de la surveillance de l’activité, de sa gestion et de l’amélioration des profits tirés des accords avec les partenaires étrangers. Les fraudes ont considérablement diminué et l’impunité en la matière a cessé. Tandis que les accords sont réellement négociés pour permettre à la Mauritanie d’en profiter (exemple : l’Accord de pêche avec l’Union européenne).
Il s’agit maintenant d’améliorer le système d’exploitation en actionnant deux leviers : celui de la production et celui de la transformation pour valoriser la ressource et en faire une mine d’emplois. Il s’agit ensuite de préserver la ressource en contrôlant l’exploitation et notamment les outils de production, en développant la recherche scientifique et en limitant la fraude et les pillages qui continuent malgré les efforts consentis.
La nouvelle stratégie (2015-2018) définit les objectifs comme suit : 1. Promouvoir une approche scientifique garantissant la préservation et la diversification des ressources exploitables ; 2. Proposer un système d’exploitation rénové qui réajuste les modes et les moyens d’accès aux potentiels exploitables des ressources ; 3. Déterminer une approche réaliste et opérationnelle permettant une réelle domestication des captures gage d’une intégration du secteur au tissu économique nationale et la génération des retombées socioéconomiques qui en sont attendues ; 4. Développer de nouveaux mécanismes pour une meilleure gestion des affaires maritimes qui favorise la préservation du milieu marin et l’exploitation du potentiel économique des activités maritimes ; 5. Concevoir un modèle de gouvernance qui garantit une exploitation durablement responsable et optimale des ressources halieutiques et une gestion saine et rentable de l’espace maritime national. (source : note conceptuelle de la stratégie)
Le secteur représente aujourd’hui 30% du budget national, 20% des ressources du Trésor et 6% du PIB. Il permet d’employer environ 40.000 personnes pour un potentiel de 150.000 au bas mot si la ressource est exploitée de manière plus efficiente, à même de permettre son intégration effective à l’économie nationale et d’en faire un levier social (emploi). Il peut rapporter un demi-milliard de dollars au lieu des deux cents millions actuels. Mais on peut dire que les politiques menées jusqu’à récemment, faisaient profiter les autres de cette manne économique et des opportunités sociales qu’elle procurait. Ce sont les Européens, les Chinois, les Japonais, les Russes… qui pompaient la ressource, chacun selon les arrangements trouvés avec les autorités par l’intermédiaire de ses partenaires privés sur place. Tandis que c’est le Sénégal qui a le plus employé dans le secteur chez nous.
Il faudra d’abord axer sur le système de production, les moyens, les types de navires, les types de captures industrielles, côtières et artisanales, sur les capacités de stockage et leur suivi. Ensuite engager une politique volontariste de développement des infrastructures de base, de promotion de l’industrialisation pour la création de valeur ajoutée. Enfin, séparer les domaines de spécialisation : le producteur ne peut pas être forcément le transformateur par exemple.
La parfaite connaissance de l’état de la ressource détermine tout le reste. C’est effectivement à partir de là qu’on pourra savoir quel système d’exploitation il nous faut. Pour ce faire, tenir compte des modes et des moyens d’accès à la ressource. L’intérêt étant de «réaliser l’équilibre tant recherché entre les exigences de préservation de la ressource et celles de la maximisation de ses retombées sur la Collectivité nationale».
Sans le développement de la transformation et la valorisation du produit, on ne peut espérer son intégration effective à l’économie nationale. Cela passe par «la domestication de la production». Parce que «l’absence d’investissement public dans les infrastructures de services de base, tout au long de nos côtes, associée à la vision rentière de l’exploitation de la ressource constituent un frein important dans la domestication et la transformation de la ressource, gage de création de valeur ajoutée et d’intégration du secteur à l’économie nationale».

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