Pour l’Institut mauritanien des études stratégiques (IMES) il s’agissait
d’apporter une contribution à la recherche de solutions aux problèmes posés à l’administration
mauritanienne. Le colloque avait donc pour thème : «Administration
mauritanienne : Contribution aux solutions des défis majeurs». Deux jours
pour faire le tour et «proposer un cadre théorique pour l’avènement d’une
administration mauritanienne (1) au service du citoyen, (2) qui protège les
droits du fonctionnaire, et (3) qui soit un outil efficient au service du
gouvernant pour lui permettre de mener à bien les politiques de développement».
Ajouter à cet objectif déclaré, le fait d’en sortir avec un package de
propositions à mettre à la disposition de tous les acteurs, y compris les
politiques.
Il n’est pas nécessaire ici d’étaler toutes les raisons qui
poussent l’IMES qui a vocation d’être un espace de réflexion et de
propositions, à consacrer un colloque à l’administration mauritanienne. Nous savons
tous l’état de déconfiture et de pourrissement dans lequel patauge notre
appareil administratif après plusieurs décennies d’errements destructeurs.
Plusieurs anciens hauts fonctionnaires étaient invités, mais aussi
des chercheurs, universitaires, acteurs de la société civile.
Dans son rapport introductif, Madame Turkia Daddah, première
directrice de l’Ecole nationale d’administration (ENA), spécialiste de la
question, a déclaré : «Le colloque organisé par l’IMES a pour ambition
de provoquer les participants à explorer des voies nouvelles et de formuler des
propositions concrètes pour l’avènement d’une administration endogène qui n’est
plus lointaine et seulement préoccupée de processus et de procédures, mais qui
se préoccupe au contraire de résultats et cherche à s’immerger dans la société
et à s’identifier à elle, donc une administration au service du citoyen et du
développement, colonne vertébrale de la démocratie et de l’Etat de Droit». Avant
de rappeler quelques-unes des expériences du passé.
Pendant les premières années de l’indépendance, le souci était de
créer une administration capable de prendre la relève de l’appareil colonial
tout en imposant son autorité à une population réfractaire à l’autorité
centrale d’un gouvernement encore contesté. Ce que Turkia Daddah explique :
«Les années 60-70 se caractérisent par une approche essentiellement administrative
et technique dans des projets de réformes sectorielles (élaboration
ou révision de textes juridiques ou mise en place d’outils de gestion de l’économie)».
Sans situer le point de rupture qui a signifié la décadence de l’administration
par son détournement, la conférencière va énumérer une succession de projets,
de structures et de programmes qui ont tous eu pour objectif une réforme de l’administration
pour la rendre plus efficiente et plus proche du citoyen.
De la création du Bureau Organisation et Méthode (BOM) «attaché
au Secrétariat général du gouvernement» et «surtout mise sur pied d’une Commission
de Réforme de l’Administration Territoriale en 1983» qui a posé «les
premiers jalons de la décentralisation et surtout d’avoir fait comprendre le
besoin d’une Réforme globale et intégrée de tout l’appareil administratif»,
au projet «Projet de Développement Institutionnel Administratif et de la
Réforme (PEDIAR)» de 1987, à celui de la «Gestion des Ressources
Publiques et de Renforcement des Capacités (PGRPRC)», au «Projet de
Rénovation de la Fonction Publique (PRFP)» de 1999, à «la Déclaration
sur la Bonne Gouvernance en Mauritanie du 8 décembre 1999», au «Programme
d’appui à la mise en œuvre du Programme national de bonne gouvernance 2003-2006»,
au «Projet de Gestion des Ressources Publiques et des Capacités», au «Projet
de Renforcement des Capacités du Secteur Public», pour finir dans le Cadre
stratégique de lutte contre la pauvreté… l’objectif a toujours été de
rectifier le tir pour remettre l’administration sur la bonne voie. Rien de tout
cela n’a abouti parce que nous en sommes encore à réfléchir sur les solutions à
trouver pour redonner à l’administration son rôle de moteur de développement.
«L’ambition
du Colloque est, en effet, de réfléchir à partir d’un état des lieux concret, à
travers notamment le recensement et la compréhension des échecs afin d’en lire
les leçons pour pouvoir proposer, quelques solutions réalistes, et pour dégager
quelques composantes d’une Stratégie de Réforme cohérente et intégrée capable
de contribuer à la consolidation de la Démocratie et l’Etat de droit et à la
garantie un développement inclusif, équitable et durable».
Qu’est-ce qui n’a pas été dit sur cette administration ? qu’est-ce
qui n’a pas été proposé ? et que peut-on attendre des fonctionnaires quand
ils sont stigmatisés par l’opinion publique, y compris par la dénonciation des
Autorités elles-mêmes, ce qui participe à leur dé-légitimation ? quand ces
fonctionnaires ne peuvent avoir de plans de carrière ? quand ils se
retrouvent sous les ordres de «parachutés» sans lien avec l’administration et qui sont
recrutés dans le cadre du fameux PNP (personnel non permanent) ? quand ils sont
mal payés, mal appréciés… ?
Des questions auxquelles devaient répondre les
trois ateliers du colloque : 1. Les missions et les structures de
l’Etat, 2. La gestion des ressources publiques, 3. Le citoyen.
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