Raaçi dhalli hamil min ‘uud/’aalim ba’d ilhay
ilma’buud
‘annu çaa’ib wu thqiil u kawd/hamli biih u
gaasi u ghriish
‘anni maa nigdir kint n’uud/saabig dha nirvid ‘uud
hshiish
ghayr ethqal min dha kawn i’uud/iççayv ‘gab wu dhlaam
aniish
wu khdhaaru ligraayir viMbuud/wu nzaahit
virgaan idaw’iish
u gallit zaad irjil had i’uud/kaan ijiib
khabaar Bo’aysh
Au lieu de traduire et risquer de trahir cette
belle composition du poète inégalé de l’Aftout, Erebâne Wul Amar Wul Maham, je
vais me risquer à le raconter à travers cette tal’a.
Ce chef traditionnel, fils de grande famille Rmâdhîne
s’est retrouvé en prison pour avoir refusé de payer à l’administration
coloniale un tribut. Il n’estimait pas devoir verser une quelconque dîme à l’envahisseur.
A l’époque, les prisonniers sont soumis à un
régime d’humiliation qui comporte des travaux au service de l’administration.
Erebâne faisait partie de ceux qui rapportait paille et bois à la résidence de
l’administrateur de M’bout (prononcé «Mbuud» en Hassaniya), chef-lieu de
l’Aftout et grand centre de convergence des tribus Bidhânes descendues du Nord
peu clément.
Parmi ces tribus naturellement les Idaw’ish qui
ont étendu leur domination jusqu’aux rives du fleuve Sénégal.
A l’époque vivait Bo’aysh, une égérie de son
temps. Femme adulée et rare. En saison sèche, les campements Idaw’ish avaient l’habitude
de descendre vers le sud, profiter de la clémence des zones humides des
étendues planes de la région du fleuve. C’est seulement par des moments pareils
que les voyageurs, venant faire les emplettes dans le marché de M’Buud,
apportent les dernières nouvelles des campements et de ceux qui les habitent.
Erebâne, prisonnier des Nçara qui ont
vaincu le pays, se retrouve dans la position du porteur de faix qui lui fait
perdre, pour un moment, son statut de «fils de grande tente». C’est là
un coup du Destin qu’il est prêt à «encaisser» si la situation n’empirait
pas par ailleurs.
Voici venu le temps des premières pluies. Les plaines
de M’Buud ont verdi. Le temps pour les nomades de fuir l’humidité du Sud, désormais
inhospitalier avec notamment les moustiques qui prolifèrent. Le temps pour les
campements Idaw’ish de remonter vers le Nord pour gagner les grands espaces. Pour
les voyageurs de fréquenter de moins en moins le village de M’Buud. Le temps
surtout de la raréfaction des nouvelles venant des campements, et de ceux qui
rapportent des nouvelles de …Bo’aysh…
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