Quand je sors de chez moi ce matin, je suis quelque peu
inquiet. D’abord parce qu’on nous a promis quelques tentatives pour «empêcher
la tenue des élections». Même s’il a toujours été précisé que ce sera de «manière
pacifique», le marabout que je suis ne peut exclure quelques gestes
désespérés. Surtout que les souvenirs des tentatives de perturber les
opérations dans les années 90 sont encore dans les esprits même si elles n’ont
jamais occasionné de victime ou de dégâts. Mais nous sommes loin de l’atmosphère
bon-enfant de l’époque et les haines sont exaspérées par le désespoir des
acteurs qui auront tout tenté.
Ma seconde inquiétude était liée à l’affluence. Y’aura-t-il
assez de gens pour crédibiliser et légitimer l’opération ? Pas de
problème. Au stade olympique, c’est l’affluence des grands jours. Les électeurs
sont déjà alignés en plusieurs files devant les bureaux devant lesquels se
démènent les activistes des partis qui tentent une dernière «campagne» visant
à convaincre d’éventuels indécis. Et des indécis, il y en avait apparemment. L’effort
peut payer parce qu’une bonne partie de ceux qui arrivent peuvent avoir été
mobilisé pour une liste – par exemple la municipale – mais pas pour les autres
listes législatives (Nouakchott, liste nationale, celle des femmes). Il y a
toujours, une voix à gagner.
Il faut passer la ligne des représentants des partis, puis
celle des journalistes qui s’agglutinent ici épiant l’arrivée d’un responsable
politique pour lui approcher quelque déclaration après avoir immortaliser son
geste.
Faire ensuite le rang et attendre. C’est lent et je
comprendrai plus tard que l’opération de vote est fastidieuse pour les
électeurs qui doivent cocher sur quatre listes en s’assurant de ne pas se
tromper : les cigles sont nombreux sur le bulletin unique et difficile
parfois à repérer. Chaque vote prend de cinq à huit minutes au moins. Ensuite revenir
pour mettre chaque bulletin dans l’urne qui lui est consacré, signer, tremper
son doigt, reprendre sa carte et repartir. Le tout demande au moins douze
minutes.
Une anecdote : c’est une dame «intellectuelle»,
professeur de son état et qui ne s’est jamais déplacé pour voter. Cette fois-ci,
en bonne citoyenne, elle entend d’abord signifier son refus du boycott, ensuite
faire un choix en votant pour la Maire de Tevraq Zeina. Elle arrive avec sa
carte, prend les bulletins et se rend dans l’isoloir. Surprise : il n’y a
ni les noms ni les photos des candidats. Comment savoir à quel parti appartient
Fatimetou Mint Abdel Malik, la candidate de choix pour elle ? Elle
commence à faire par déduction. Elle a toujours été Maire du PRDS, c’est donc
la case de ce parti qui s’appelle le PRDR qu’il faut cocher. C’est fait. Mais non !
elle se rappelle que ce n’est pas le parti qui a été créé pour «soutenir
Ould Abdel Aziz». Parce qu’elle est sûre d’avoir mal fait, elle décide de
cocher plusieurs cases pour annuler son vote. C’est fait.
Partout, c’est la même atmosphère conviviale et déterminée
qui règne devant les bureaux de vote. A l’intérieur, personne ne signale de
grands dysfonctionnements.
C’est naturellement, vers la fin de la journée que l’affluence est
la plus importante : les Mauritaniens ont tendance à aller à la dernière
minute faire ce qu’ils ont à faire. Ce qui va ajouter aux difficultés à faire
les comptes par les antennes de la CENI.
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