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samedi 23 novembre 2013

Jour de vote

Quand je sors de chez moi ce matin, je suis quelque peu inquiet. D’abord parce qu’on nous a promis quelques tentatives pour «empêcher la tenue des élections». Même s’il a toujours été précisé que ce sera de «manière pacifique», le marabout que je suis ne peut exclure quelques gestes désespérés. Surtout que les souvenirs des tentatives de perturber les opérations dans les années 90 sont encore dans les esprits même si elles n’ont jamais occasionné de victime ou de dégâts. Mais nous sommes loin de l’atmosphère bon-enfant de l’époque et les haines sont exaspérées par le désespoir des acteurs qui auront tout tenté.
Ma seconde inquiétude était liée à l’affluence. Y’aura-t-il assez de gens pour crédibiliser et légitimer l’opération ? Pas de problème. Au stade olympique, c’est l’affluence des grands jours. Les électeurs sont déjà alignés en plusieurs files devant les bureaux devant lesquels se démènent les activistes des partis qui tentent une dernière «campagne» visant à convaincre d’éventuels indécis. Et des indécis, il y en avait apparemment. L’effort peut payer parce qu’une bonne partie de ceux qui arrivent peuvent avoir été mobilisé pour une liste – par exemple la municipale – mais pas pour les autres listes législatives (Nouakchott, liste nationale, celle des femmes). Il y a toujours, une voix à gagner.
Il faut passer la ligne des représentants des partis, puis celle des journalistes qui s’agglutinent ici épiant l’arrivée d’un responsable politique pour lui approcher quelque déclaration après avoir immortaliser son geste.
Faire ensuite le rang et attendre. C’est lent et je comprendrai plus tard que l’opération de vote est fastidieuse pour les électeurs qui doivent cocher sur quatre listes en s’assurant de ne pas se tromper : les cigles sont nombreux sur le bulletin unique et difficile parfois à repérer. Chaque vote prend de cinq à huit minutes au moins. Ensuite revenir pour mettre chaque bulletin dans l’urne qui lui est consacré, signer, tremper son doigt, reprendre sa carte et repartir. Le tout demande au moins douze minutes.
Une anecdote : c’est une dame «intellectuelle», professeur de son état et qui ne s’est jamais déplacé pour voter. Cette fois-ci, en bonne citoyenne, elle entend d’abord signifier son refus du boycott, ensuite faire un choix en votant pour la Maire de Tevraq Zeina. Elle arrive avec sa carte, prend les bulletins et se rend dans l’isoloir. Surprise : il n’y a ni les noms ni les photos des candidats. Comment savoir à quel parti appartient Fatimetou Mint Abdel Malik, la candidate de choix pour elle ? Elle commence à faire par déduction. Elle a toujours été Maire du PRDS, c’est donc la case de ce parti qui s’appelle le PRDR qu’il faut cocher. C’est fait. Mais non ! elle se rappelle que ce n’est pas le parti qui a été créé pour «soutenir Ould Abdel Aziz». Parce qu’elle est sûre d’avoir mal fait, elle décide de cocher plusieurs cases pour annuler son vote. C’est fait.
Partout, c’est la même atmosphère conviviale et déterminée qui règne devant les bureaux de vote. A l’intérieur, personne ne signale de grands dysfonctionnements.

C’est naturellement, vers la fin de la journée que l’affluence est la plus importante : les Mauritaniens ont tendance à aller à la dernière minute faire ce qu’ils ont à faire. Ce qui va ajouter aux difficultés à faire les comptes par les antennes de la CENI.

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