C’est
une émission de la chaîne Mourabitoune qui propose, presque chaque jour, une
tranche qui consiste à suivre un prédicateur qui s’appelle Ould Abdel Melik. Il
s’agit d’un Imam découvert sur la chaîne Sahel à tous ses débuts. A l’époque il
proposait une veillée ramadanesque sur le toit d’une maison. Très chaleureux, l’homme
maitrise la diction du Coran et sait parler au commun du mortel. Un vrai
prédicateur, relativement moderne dans ses propos, il évite d’être sectaire
dans ses développements. D’ailleurs avec Mourabitoune, son émission est devenue
un prêche à l’air libre.
On
le voit déambuler dans les rues des quartiers pauvres, interpeller les passants
pour en faire un auditoire et leur parler de la Morale islamique. Et comme il
voit que parmi son auditoire il se trouve des non Hassanophones, il parle Pulhar,
probablement la seule langue nationale qu’il connait. A coup de sermons sur le
vol, sur ce que doit être le comportement du «bon musulman», notre prédicateur enchaine les manifestations, de
groupe en groupe, faisant la Morale à tous.
En
principe, il n’y a rien à dire. C’est même utile en ces temps de «décadence morale», des temps où l’on
exagère parfois les manifestations de la criminalité, où l’on dénonce dans les
prêches de vendredis ce qu’on croit être la déperdition morale, en ces temps où
«le monde semble donner les signes de sa
fin», une telle entre prise ne peut pas être l’objet de critique. Seulement…
Ce
n’est pas dans les quartiers populaires que nous avons le plus besoin de «moralisation», de rappel à l’ordre moral.
C’est plus à Tevraq Zeina où sévissent encore les prédateurs qui ont pillé le
pays, appauvrissant une partie de sa population, à Tevraq Zeina, véritable havre
de la déperdition, là où l’on trouve les voleurs les plus dangereux pour la
communauté, les plus grands menteurs, les alcooliques, là où se pratique l’adultère
à ciel ouvert… C’est ici que les prédicateurs du genre de Ould Abdel Melik
doivent être dirigés.
Je le dis parce que je trouve que les prêches, tous
les prêches que j’ai déjà entendus, sont toujours plus violents, plus
rigoureux, plus déterminés quand ils sont faits en milieux pauvres. Alors que
dans les mosquées des quartiers aisés, ces prêches sont plus souples, plus
modérés, plus généraux… Là-bas on a affaire à des esprits qu’on croit plus
fragile et qui sont donc susceptible d’être emballés dans la bataille politique
qui s’annonce, ici on est en face à ce que la société compte de gens qui sont
supposés «intelligents» et «critiques». L’on sent alors que le
prêche fait partie d’une entreprise d’embrigadement et qu’il n’est pas
forcément une attitude positive visant à donner quelques enseignements utiles
et à redresser des torts.
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