Le Protocole RIM
UE signé pour deux ans en juillet 2012, est entré dans sa dernière ligne droite
avant le vote du Parlement UE devant le valider ou le rejeter en octobre
2013. C'est ainsi que Bruxelles et
Nouakchott, qui defendent, chacun à sa manière ce Protocole, ont tenu une
dernière Commission mixte avant cette date.
Il ressort de leurs conclusions que les deux parties ont
voulu anticiper pour rendre le Protocole plus "attractif " sans
incidence sur ses objectifs fondamentaux.
Bruxelles a abandonné les céphalopodes et la sardinelle
en deçà des 20 miles aux pêcheurs mauritaniens.
Nouakchott tout en maintenant les 20 miles d'exclusion de
pêche pélagique industrielle exceptées les extrémités sud et nord de la façade
maritime:
- à l'extrémité sud : 13 miles
- à l'extrémité nord l'ancien tracé a été légèrement
réaménagé pour permettre aux chalutiers pélagiques de pêcher dans des canyons
profonds et très loin des côtes.
Ces modifications permettront une meilleure capture de
chinchards, tout en préservant la sardinelle.
Quant aux crevettiers espagnols, leur zonage à également
été revu comme suit:
- l'extrémité sud vers le Sénégal : 6 miles comme
avant, la zone centre passe de 6 et 8 miles à 9 miles, donc plus loin de la
côte, laissant ainsi plus de champ aux pêcheurs mauritaniens. En contrepartie
la zone au niveau de Timiris à été rapprochée, puis de nouveau éloignée vers le
Cap Blanc.
- La redevance par tonne pêchée est passée de 420 à 400 €
- Le bycatch en céphalopodes est lui passé de 6 à 8 %
pour le quota de 5000 tonnes par an.
Ces aménagements, pensent les deux parties couperont
l'herbe sous les pieds des ennemis du Protocole, sont sans incidence négative
sur la ressource et améliorent les recettes financières de tous, ce qui ne
gâche rien.
La Mauritanie considère que si elle préserve la
ressource, les intérêts de ses pêcheurs en leur protégeant leur zone de 20
milles (sardinelle), les céphalopodes, les 60 % de marins employés, les
débarquements et les transbordements à Nouadhibou, la redevance de 2 % sur la
totalité des captures pélagiques pour ses poissonneries, la redevance de 123
euros/tonne pélagique pêchée, la contrepartie financière de 67 millions
d'euros...., si la Mauritanie réussit à préserver ces fondamentaux, tout le
reste est accessoire.
Le seul problème que les deux parties n'ont pu résoudre -
et il est important - est celui de la date d'entrée en vigueur du Protocole: la
RIM considère la date de la signature à Nouakchott le 1er août 2012, alors que
Bruxelles considère celle de son adoption par le Conseil des Ministres des 27
états de l'UE. Sur ce point les deux parties continuent les discussions afin de
trouver une entente.
L’Accord, présenté à Nouakchott comme une victoire sans
précédent du négociateur mauritanien qui nous a habitués à brader la ressource
sans de réelles négociations, cet Accord repose sur une philosophie qui prend
en compte la nécessité de préserver la ressource en général, et d’en faire
profiter les Mauritaniens autant se peut. C’est en cela qu’il s’agit d’une
réussite dès lors que les critiques émises çà et là se rapportent à la volonté
du négociateur mauritanien, le Conseiller technique du ministre des pêches,
Cheikh Ould Ahmed, d’en tirer le maximum de profit pour le pays. Les opérateurs
espagnols ont été particulièrement hostiles à l’Accord et continuent de
mobiliser les Parlementaires contre son approbation. Une guerre inégale qui
rappelle l’épisode David vs Goliath.
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