Mes
parents du Mahsar ont cette faculté de pouvoir dire ce qu’ils veulent dire en
une formule qui finit par être une sagesse, une vérité qui s’impose à tous… Comme
ils sont admiratifs de la famille Ehl El Ahmel el ‘Aqel (c’est comme ça qu’on
prononce le nom de cette illustre famille), ils trouvent la formule pour mettre
en exergue «sirr Ehl el ‘Aqel : il walaya u zayn lefaam».
Pour,
d’une part dire toute la sainteté de cette famille qui a marqué la culture, la
politique, la société de l’Iguidi, jouant un rôle de premier plan dans
l’établissement d’une philosophie du pouvoir l’obligeant à reconnaitre la
valeur des savoirs et de leurs détenteurs. Et d’autre part souligner la
prodigalité, la générosité et l’humanisme de la famille…
On
leur prête dans l’environnement qui est le leur, la faculté de bénir ceux qui
doivent l’être, de les auréoler de leur baraka, de les protéger du mauvais œil
et des dérives qui peuvent les guetter. Ils ont fini par devenir les dépositaires
d’une conscience collective où se mêlent valeurs authentiques et modernité.
Le
rapport au Sénégal et l’existence de talibés auprès des grands érudits de la
famille ont ouvert les esprits ici. Surtout que l’école qui s’est formée dans
ce milieu là a promu la Logique et cet art de la Rhétorique qui s’est parfois
confondu avec une science du Verbe.
Cette
culture a donné des géants dans tous les domaines des savoirs
traditionnels : Fiqh, Coran, grammaire, philosophie, astronomie, médecine…
Elle a donné une lignée de Cadis dont la notoriété est reconnue dans tout
l’espace Bidhâne… Mohamedhen Ould Mohamed Vall est sans doute le plus
emblématique de tous. Son prénom Meyeye est un label de valeurs et de
compétences.
Sa
fille Nneya vient de nous quitter. Elle qui a grandi sous cette tente où se
côtoyaient tous les arts, toutes les cultures, tous les savoirs, elle avait
fini par incarner tout ce qui fait Ehl el ‘Aqel : non seulement la beauté
du sourie et la capacité d’explorer le devenir du Monde, mais aussi la maîtrise
de la Logique, de la Rhétorique, de la poésie, du Fiqh, de l’Exégèse en
général…
Nneya
Mint Bebaha était plus qu’une Sainte femme, elle était la générosité incarnée.
«Nneya el ma’louma» comme l’appelaient affectueusement les gardiennes du
quartier. «Nneya el waliya» comme l’appelaient ses disciples. «Nneya
el ‘aalma» comme l’appelaient les connaisseurs…
Ses
enfants, Bebbaha et Mohamed Baba, ne sont pas les seuls orphelins aujourd’hui.
Ni d’ailleurs ses frères, ses neveux et nièces. Encore moins sa parentèle
immédiate. Tous les démunis du quartier pleuraient ce matin cette disparition.
Parce que dans ce milieu on ne pleure pas les morts, parce qu’on juge qu’ils sont
heureux d’aller au rendez-vous qu’ils ont savamment préparé, il faut savoir que
les pleurs et les gémissements qu’on entendait dans les alentours de la maison,
ce sont ceux de gens extérieurs à la famille… de gens qui perdent ainsi une
protectrice attentionnée, une bienfaitrice indulgente et compréhensive…
Ce
matin, c’est tout un monde qui est orphelin.
Inna
liLlahi wa inna ilayhi raji’oune.
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