Il y a un an, je vous proposais ici même une
série avec pour titre : «Il était
une fois le 3 août». C’était dans le souci de rappeler des moments-clés de
notre Histoire pour comprendre pourquoi et comment ce qui devait être une «révolution» n’a finalement été qu’une
série de soubresauts produisant cependant d’importantes évolutions sur le plan
politique, sur celui de la liberté d’expression et, de façon générale sur la
manière d’exercer le pouvoir et de gérer les affaires.
Ces avancées qui sont réelles – les dénégations
publiques des détracteurs du régime en sont d’ailleurs la preuve – n’ont pas
produit tous les effets qu’on pouvait en attendre. Particulièrement la nette
rupture avec le passé et ses hommes. Parce que les auteurs – les vrais auteurs –
du coup d’Etat du 3 août 2005 ont hésité et ont cru qu’une «douce évolution» était réalisable avec le
matériau opérant sur la scène politique mauritanienne. Les auteurs du
changement du 3 août n’ont pas bénéficié de l’état de grâce nécessaire à toute
entreprise de changement. Ils ont immédiatement été «ceinturés», encerclés, «pressés»
par les contingences liées à l’exercice du pouvoir et aux enjeux nés de la
volonté d’ouvrir une nouvelle page pour la Mauritanie. Le pire ennemi du
changement qu’ils prônaient (voir les postings de l’année passée) venait de l’intérieur
de la junte dont ils avaient coopté les membres. Les plus anciens des officiers
n’entendaient pas se départir aussi allègrement du pouvoir et le laisser tomber
entre les mains de politiques qu’ils ont contribué eux-mêmes à diaboliser. Pour
les lus anciens des officiers du Comité militaire pour la Justice et la
Démocratie (CMJD), le souci principal était de barrer la route à Ahmed Ould
Daddah, celui qui semblait avoir «la
légitimité naturelle» d’accéder au pouvoir. C’est ainsi qu’est né le projet
Sidi Ould Cheikh Abdallahi qui fut d’abord une proposition des «anciens» et de leurs soutiens politiques
appartenant déjà à la machine mise en branle par le système Ould Taya pour
diaboliser et décrédibiliser celui qui s’opposait «sans raison» (sic) à lui.
Parenthèse explicative : Pour le
Président Ould Taya, si Messaoud Ould Boulkheir s’opposait à lui, c’est parce
qu’il l’a débarqué du gouvernement l’accusant de mauvaise gestion ; si
ceux du Mouvement national démocratique (MND) s’opposaient à lui, c’est parce
qu’il a refusé de les associer au pouvoir ; si les Islamistes ont
finalement gagné les rangs de son opposition, c’est parce qu’il a fermé la
manne du Golf ; si certains nationalistes s’opposaient, c’est parce qu’il
avait ouvert la diplomatie à Israël ; si les négro-africains ne voulaient
pas de lui, c’est qu’il a cherché à les neutraliser et à les expulser de
Mauritanie… a chacun de ses opposants, il trouvait une raison sauf à Ould
Daddah qu’il avait plusieurs fois démarché pour l’amener à s’impliquer dans la
gestion publique et qui a toujours décliné. Ce ne peut, à ses yeux, être que de
la haine. Et il le lui rendait bien ! Contre lui sera déployée la machine
de dénigrement et de diabolisation. Ministres de l’intérieur, corps de
sécurité, renseignements, hommes d’affaires, journalistes, hommes politiques,
réseaux maffieux… (fin de la parenthèse)
Pas la peine de s’étaler
sur le processus de cooptation de Ould Cheikh Abdallahi, ni sur son élection et
les conditions dans lesquelles elle s’est faite, encore moins sur les soutiens
dont elle a pu bénéficier. Il suffit simplement de rappeler que son élément
moteur, son inspiration principale était de barrer la route à Ould Daddah. Ce qui
fut fait.
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