mardi 30 juillet 2013

Enfin un soutien

Il y a un an, la Mauritanie signait avec l’Union Européenne un nouvel accord de pêche. Le négociateur mauritanien obtenait du partenaire UE plusieurs avantages se rapportant à la compensation financière qui connaissait une nette amélioration, au système d’exploitation qui faisait payer désormais la tonne pêchée, au produit pêché qui excluait les céphalopodes réservés désormais aux seuls exploitants nationaux, à l’emploi qui devenait réel avec une nette augmentation des traitements et des embarqués, au contrôle du produit pêché, à la zone de pêche qui fut réduite pour préserver la ressource mauritanienne…
Pour la première fois de l’histoire de tous les accords de pêche entre notre pays et l’UE, ce qui «dérangeait ceux qui l’étaient» n’était pas le soupçon de corruption du négociateur, ni son incapacité à défendre l’intérêt du pays, mais bien sa réussite à arracher le maximum pour le pays.
La colère la plus manifestée fut celle des opérateurs espagnols qui se sentaient lésés par la «nationalisation» de la ressource céphalopodière par la Mauritanie qui entamait ainsi une politique visant à sauver ce qui peut l’être de la ressource, à développer ses capacités en matière de pêche artisanale et à faire le plein emploi national dans le secteur. En somme une vision d’une exploitation prenant en compte les impératifs écologiques et les exigences nationales.
Dans la «bataille diplomatique» qu’engagea l’Espagne – armateurs, élus et même Exécutif – contre l’Accord, le négociateur mauritanien était bien esseulé. Tout semblait le condamner à repasser sous les fourches caudines du Goliath auropéen.
Contre lui se liguaient des faisceaux d’intérêt, y compris de l’intérieur du pays (fonctionnaires du ministère, consignataires, suppôts dévoyés…). Mais l’opposition espagnole était la plus déterminante dans le processus de remise en cause de l’Accord. Partis politiques mauritaniens, ONG, journalistes, intellectuels… préférèrent se tenir à l’écart des joutes et des engagements. Si l’on excepte quelques articles «indépendants» soutenant la position mauritanienne, la plupart des opinions exprimées étaient plutôt destinées à biaiser le processus de ratification par le Parlement européen.
C’est cette semaine que les opérateurs artisanaux mauritaniens ont bougé pour se féliciter d’abord des avancées faites et pour exiger le maintien de la mauritanisation de la pêche céphalopodière. Une journée puis un communiqué de la section artisanale et côtière de la Fédération nationale des pêches.
Le communiqué publié le 26 août affirme : «Aujourd’hui, nous sommes 36.000 pêcheurs artisans et nous utilisons 7.500 embarcations artisanales. Pour ce qui est de la pêche de poulpe, nous assurons 60% de la production nationale en quantité et 70% en valeur. Nous fournissons 90% de l’emploi dans le secteur, avec des gens qui travaillent dans 50 usines de traitement de congélation des produits, dans 12 ateliers de fabrication de pirogues, et dans des centaines de magasins de vente de matériel, des milliers de mareyeurs, de transporteurs, de fabricants de pots, etc. Dans la pêche artisanale, la valeur ajoutée est de 8 fois supérieure à la valeur ajoutée dans la pêche industrielle».
Avant de mettre en exergue quelques mesures visant à imposer une exploitation «convenable» parce que prenant en compte la nécessité de préserver la ressource : 4 mois d’arrêt biologique par an, la limitation à plus de 500 grammes du poulpe traité, la pêche au pot qui permet une meilleure maitrise des captures…
Pour les auteurs du communiqué, «repousser les chalutiers plus au large va contribuer à protéger les fonds marins, diminuer les accidents avec les pirogues artisanales, diminuer la compétition avec nos pirogues et aussi diminuer les CAPTURES ACCESSOIRES». Et c’est ce que prévoit l’Accord avec l’Union européenne.
En raison de l’importance de la décision de réserver les céphalopodes aux seuls artisans mauritaniens, les opérateurs exigent «que cette décision soit immortalisée par son inscription dans le Code des Pêches pour lui garantir la transcendance aux futurs accords».
En choisissant la date du 26 juillet, la FNP entend célébrer l’Accord signé le même jour en 2012. Il faut rappeler qu’après avoir embarqué avec eux d’autres pays dans la contestation des termes de l’Accord, les Espagnols sont bien seuls aujourd’hui à continuer à ruer dans les brancards : les Portugais, les Hollandais ont préféré exploiter leur quote-part.

L’Accord de pêche avec l’UE a permis aussi de réajuster la Convention avec les Chinois et de préparer de nouveaux accords de partenariat avec les Russes qui commencent à signer avec le pays. Et c’est tout bénef pour le pays.

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