C’est
apparemment ce que veut une frange de notre élite politico-médiatique. Quand un
responsable politique ou un média diffuse une information indiquant que la
Mauritanie participe déjà à la guerre, et ce au moment où se déroulait la sanglante
et dramatique prise d’otages en Algérie, n’est-ce pas là une manière de «provoquer»
chez les terroristes la volonté d’en découdre avec notre pays ?
En
réalité la Mauritanie est déjà en guerre. Elle participe déjà à cette guerre
qui a commencé le jour où des bandes armées ont fait main basse sur le Nord du
Mali et choisi de s’attaquer à notre pays. Elle y est depuis que quelques-uns
de nos enfants ont délibérément gagné les camps d’entrainement du GSPC puis
AQMI pour s’attaquer à leur pays et aux autres pays de la région. Elle y est
depuis qu’une frange de ses religieux a choisi d’apporter plus ou moins
clairement, son soutien à ces groupes armés. Elle y est depuis que nos
politiques et certains de nos journalistes ont justifié les agissements
criminels de ces groupes…
La
Mauritanie est en guerre. Elle prend part à cette guerre qui la concerne
effectivement. Qui ne peut que la concerner…
Depuis
quelques années, des groupes de combattants, résidus d’une guerre abominable
menée en Algérie dans les années 90, ces groupes se sont donc retirés dans le
Sahara central, côté malien. Ils ont réussi leur insertion sociale et se sont
approprié les circuits économiques, y compris ceux des trafics de tous genres. Ils
ont créé une nouvelle industrie qui est celle de la traite des personnes par les
enlèvements de ressortissants occidentaux.
En
s’installant sur ces terres déjà pauvres et ingrates, ces groupes ont détruit
les circuits économiques traditionnels et ont ajouté à la misère des
populations éprouvées par la mauvaise gouvernance. Ils ont réussi à corrompre
le corps social et à saper les fondements de l’Etat malien. Ils s’en sont
ensuite pris aux peuples voisins, insistant sur la Mauritanie, maillon faible. Ils
ont tué des nôtres à Lemghayti, à Ghallawiya, à Nouakchott, à Tourine… ils ont
assassiné des étrangers sur nos terres, mettant en péril ses relations et son
image… comme si leur objectif était celui de mettre à genoux notre Etat et d’affamer
nos peuples.
Les
soldats mauritaniens ne sont peut-être pas dans la catégorie des «pauvres Musulmans»
qu’il faille soutenir selon l’entendement de certains de nos Ulémas qui n’ont
jamais été remués par les exactions, les tortures, les injustices, les
inégalités subies, vécues par leurs compatriotes. Ni 1989, ni 1990, ni 1991,
encore moins les épisodes malheureux de 1988 (épuration des Baathistes), de
1984 (épuration des Nassériens)… rien de tout ça ne les a fait bouger. Rien de
cela ne mérite la mobilisation et la solidarité.
Tout
comme les tueries de Lemghayti, de Ghaalawiya, de Tourine, et pas non plus les
malheurs causés par ces bandes dans le Nord malien. Les milliers de réfugiés,
le patrimoine détruit, les richesses pillées… tout cela ne mérite pas la
colère.
On peut qualifier la guerre qui a commencé au Mali de «survivance
coloniale» et la dénoncer, sans pour autant soutenir ou justifier les
agissements des groupes armés. Les Mauritaniens, Ulémas, journalistes ou autres
n’ont pas le droit d’oublier leurs compatriotes tués de façon abominable par
ceux qui sont encore prêts à reprendre le chemin de la guerre contre notre
pays. Il leur suffit un prétexte, celui que beaucoup de gens voudrait bien leur
donner : une participation «présumée» mauritanienne à la guerre. Utile
de rappeler que l’attaque de Lemghayti avait été justifiée par Bellawar par le
supposé assassinat par la police mauritanienne de «la militante Zeyneb» lors d’une
manifestation. Le fait n’a jamais eu lieu et la réaction à cette rumeur a été
dramatique pour des citoyens mauritaniens. Musulmans quand même.
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