Il
a suffi que la guerre commence pour que nos hommes politiques et certains de
nos médias perdent le sens de la mesure. Quand on prête à une agence de presse
la paternité d’une dépêche qu’elle n’a jamais émise, c’est bien pour donner du
crédit à une lecture des évènements qui va dans le sens de la ligne éditoriale
choisie par le média qui fait cela. La haine du régime en place justifie tous
les mensonges et toutes les manipulations. On l’a vu ces derniers mois… mais il
n’y a pas que cela. Il y a aussi ces incohérences que l’on relève et ces folies
énoncées quand on entend nos politiques juger la guerre qui se déroule à nos
portes et qui ne peut que nous concerner.
Tawaçoul,
le parti islamiste sorti fraichement de son congrès refondateur dénonce ce qu’il
appelle «ingérence extérieure». Il a peut-être raison de qualifier ainsi
l’intervention française. Si l’on oublie que le même parti a demandé, exigé et
appuyé l’intervention française en Libye, alors que celle-ci ne bénéficiait
aucunement du soutien africain. Au Mali, la France répond à une demande
expressément formulée par le Président malien par intérim, et avant lui par la
communauté économique ouest-africaine (CEDEAO) et par l’Union africaine qui a
introduit le dossier auprès de l’ONU. Comment peut-on bénir et soutenir
fortement une intervention très critiquée – celle en Libye – et dénoncer une
autre qui bénéficie d’un consensus international ? Le peuple malien qui a
souffert de la présence des groupes jihadistes sur son territoire a bien le
droit de bénéficier du concours de la communauté internationale, France en
tête, pour chasser ces groupes criminels. Le peuple malien a plus besoin (et
droit) à cette assistance que le peuple syrien déchiré par une guerre civile
qui s’installe avec ses lots de morts et de destructions. Plus aussi que les
rebelles libyens qui ont chassé Kadhafi du pouvoir «grâce» justement à l’appui
de la France qui a entrainé avec elle quelques puissances occidentales.
J’ai
entendu se prononcer quelques figures des anciens Cavaliers du Changement,
aujourd’hui cadres de différentes formations. Tous tournaient autour «la
guerre impérialiste» menée par l’ancienne puissance coloniale pour des
raisons d’intérêts particuliers. Tout engagement d’une Nation trouve sa
justification dans la réalisation de visées données. Ce n’est pas nouveau et c’est
évident. Mais a-t-on le droit d’aller dans la dénonciation de l’action
française jusqu’à la justification de l’entreprise terroriste ?
Hier,
sur Al Jazeera, l’une des grandes figures politiques du pays soutenait que l’entreprise
française vise à «contenir les revendications légitimes des peuples de la
région». Que les groupes armés sont constitués de rebelles dont la sédition
a débuté en 1963 et de «militants qui ont fui les dictatures en Algérie et
en Mauritanie pour se réfugier dans le Nord du Mali et continuer leur combat
contre ces dictatures…» Textuel ! cela ne demande pas de commentaire. Sauf
à dire qu’un Mauritanien «normal» (bien pensant et honnête) ne peut pas
pencher pour ces groupes criminels contre le peuple malien. Et s’il le fait, c’est
qu’il est fou, idiot ou nihiliste, sinon les trois ensemble.
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