Cette
blague par laquelle on moquait l’ignorance de l’un de nos responsables au temps
où la coopération avec les Coréens (du Nord) prenait le devant sur celle qui
nous liait à la Chine : le responsable en question qui avait improvisé un
discours de bienvenue à une délégation coréenne, s’était trompé en parlant de
la Chine. Quelqu’un crut bon de le corriger discrètement : «…les
Coréens…». Mais le responsable continua à parler de «…la disponibilité
des Chinois…». Son collaborateur insista : «…kourya… al kouriyine…»,
en Hassaniya pour paraitre plus discret. Excédé, le responsable se tourna vers
lui en disant : «…kourya… eççiine… dhaak wahid kamel… akhbar aana…»
(Coréens, Chinois, tout ça c’est la même chose… je sais mieux que toi…).
Au-delà
du ridicule qu’on mettait en exergue à l’époque pour dénoncer l’ignorance de
certains responsables, il y a un fait : la méprise relève plutôt de cette
imprécision qui semble être une seconde nature chez nous. Je ne sais à quoi c’est
lié à l’origine, mais je sais que sur la liste des tares cultivées ces
dernières décennies, figure cette «culture de l’approximation» qui a pour
conséquence première une nette tendance à l’incertitude donc à l’inexactitude.
On
vous dira aisément que la distance séparant telle ville de telle autre est de «cent
ou deux cents kilomètres…». Et si l’on veut vous faire avaler un rapport du
genre on peut toujours ajouter : «…eheih alla shi min dhaak ilqabiil…
shi dhaak nabtou…» (quelque chose du genre). On vous dira que tel a
dilapidé quelques millions «walla milliard…», comme si le rapport était
à faire entre «quelques millions» et un milliard. On vous le dit pour
atténuer le crime commis par ce fonctionnaire véreux qui a détourné des fonds
destinés initialement à l’équipement d’un hôpital, à la construction d’une
école, d’un barrage, d’une route… et qui finissent en maisons richement
meublées à Tevraq Zeina ou en troupeaux difficilement entretenus quelque part.
Dans la tête de celui qui vous dit cela, il s’agit de faire accepter qu’un milliard
est, tout compte(s) fait(s), aussi «peu important que quelques millions»
(«maa muhim kam, yaghayr…».
Pour
votre gouverne, cher lecteur, sachez qu’entre le moment de la Hijra du Prophète
(PSL) et le moment où nous parlons, il ne sait pas passé un milliard de …minutes.
A peine 850 millions de minutes se sont passées depuis cette fameuse nuit où notre
Prophète (PSL) a quitté La Mecque pour Yathrib qui deviendra Médine !!!!
un milliard, c’est beaucoup… et rappelons ici que 134 milliards ouguiyas ont
été purement et simplement transformés en dette publique au terme d’un accord
signé pendant la transition de 2005-2007 entre la BCM et le ministère des
finances. Il s’agissait de mettre ce déficit né de la manipulation des chiffres
(l’épisode des faux chiffres du début des années 2000) et du bradage des
ressources publiques au profit de particuliers, de le mettre donc sur le dos de
la communauté. Qui s’en souvient ? et des cinquante millions dollars de la
SONIMEX ? et… et… ?
C’est
dans ces approximations que se perdent l’essentiel de nos ressources. Des approximations
qui sont à la base de cette culture du mensonge qui marque notre vie ces
derniers temps…
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