Que
faire ? En ce début d’année, il faut d’abord se souhaiter les meilleurs
des vœux. Ne serait-ce que pour marquer un brin de résistance face à certaines
voix qui se sont élevées pour fustiger la célébration du nouvel an… chrétien.
Ce n’est pas une année chrétienne qu’on célèbre, en tout cas pas de la manière
avec laquelle elle est célébrée en Occident. C’est une année «administrative»,
la seule qui vaille pour l’Humanité entière malgré les différences qu’il faut
préserver et qui le seront d’ailleurs malgré tout. Le début de l’année n’est
qu’une occasion de se retrouver dans la joie, de renouer quelques liens brisés
par la constipation de tous les jours… Pas de raison d’en faire l’objet d’un
prêche ni d’un sermon. Surtout dans un pays où les inégalités et les injustices
sont à dénoncer encore et encore. Mais passons.
Que
faire ? Se résoudre d’abord à ne plus perdre de temps à discutailler de
futilités à défaut d’imaginer un vrai débat politique avec des propositions et
des contrepropositions. Réhabiliter le travail comme valeur et arrêter de faire
de la politique une source de revenus. Encourager la production et se rendre
utile en toute circonstance. Décider de ne pas attendre qu’on vous vienne en
aide pour résoudre, à votre place, les problèmes qui vous sont posés. Décider
de vivre selon vos moyens. Refuser donc le parasitage social (en subir ou en
faire). Dénoncer toutes les injustices dont vous pouvez être témoin. Surveiller
le policier du coin, l’administrateur, le journaliste, le gendarme du poste, le
commerçant, l’enseignant… pour s’imposer comme organe de veille contre la
corruption. Refuser d’utiliser le zazou pour se conformer aux règles et lois
les plus élémentaires. S’arrêter au feu rouge le temps de laisser passer votre
frère d’à côté. Militer pour plus de transparence dans les relations sociales
et dans la gestion de la cité. Contribuer activement (et rapidement) à
réinventer les vertus de ce peuple et les vocations naturelles de cette terre
de Mauritanie : humilité, tolérance, équité, convergence, terre de
rencontre…
Chacun
a ses résolutions pour l’année 2013. Un an pour essayer de réaliser tout ou une
partie de ces résolutions. Après 2013, on aura 2014, comme on a eu 2013 après
2012… Absurde de le dire ainsi. Vous avez le droit de le dire si vous faites
semblant d’ignorer la complexité que nous avons à intégrer la notion «temps»
dans notre mental. En chacun de nous sommeille cette tendance qui devient une
seconde nature et qui consiste à vouloir nous faire tourner en rond.
Certains
vont la comparer à un disque enrayé qui envoie toujours les mêmes sonorités.
Ceux-là évoqueront les exigences politiques qui n’ont pas changé depuis
l’avènement de la première République. Ils vous inviteront à réentendre un
discours de feu Moktar Ould Daddah pour vous dire que les problématiques sont
restées les mêmes depuis. «On contourne les problèmes comme un campement en
transhumance contournerait une dune lui barrant la route».
D’autres
vous diront que nous avons toujours subi la nature, le cours des évènements,
d’où cette paresse dans l’action, un peu pour ne pas parler de «refus de
l’action». Les plus entreprenants parmi nous sont ceux qui finissent par réagir
fortement avant de laisser s’estomper leur mouvement d’humeur. «Ce qui fait que
toutes nos révolutions ont avorté parce qu’elles ne sont pas allées au bout de
leur mouvement…»
Quoi
qu’il en soit, nous en sommes là à attendre… que la pluie arrive… qu’une
catastrophe nous frappe… qu’un cataclysme nous emporte… qu’une Providence nous
sauve… et nous attendons… nous attendons… nous attendons…
…Le
temps passe pour les autres qui accumulent, qui produisent, qui mangent, qui
s’amusent parfois, qui se soignent, qui s’éduquent, qui se parlent, qui se
reconnaissent…
Nous
continuons quant à nous à discuter dans les salons huppés ou dans des baraques
misérables ou encore sous des tentes et des cases altérées par le temps (qui
passe quand même), autour de nous des matériaux fabriqués ailleurs et pour s’habiller
ou manger des légumes importés, du mil acheté sur les souks frontaliers, du riz
venu d’Asie, du Thé importé de Chine, des tissus de partout et de nulle part,
des boites de conserve où la sardine d’origine mauritanienne nous est revendue
trois fois plus cher le prix d’origine, du savon, de l’huile, des stylos, des
cahiers… qu’est-ce qu’on n’importe pas en fait ?
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