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mardi 8 janvier 2013

La culture de l’approximation

Cette blague par laquelle on moquait l’ignorance de l’un de nos responsables au temps où la coopération avec les Coréens (du Nord) prenait le devant sur celle qui nous liait à la Chine : le responsable en question qui avait improvisé un discours de bienvenue à une délégation coréenne, s’était trompé en parlant de la Chine. Quelqu’un crut bon de le corriger discrètement : «…les Coréens…». Mais le responsable continua à parler de «…la disponibilité des Chinois…». Son collaborateur insista : «…kourya… al kouriyine…», en Hassaniya pour paraitre plus discret. Excédé, le responsable se tourna vers lui en disant : «…kourya… eççiine… dhaak wahid kamel… akhbar aana…» (Coréens, Chinois, tout ça c’est la même chose… je sais mieux que toi…).
Au-delà du ridicule qu’on mettait en exergue à l’époque pour dénoncer l’ignorance de certains responsables, il y a un fait : la méprise relève plutôt de cette imprécision qui semble être une seconde nature chez nous. Je ne sais à quoi c’est lié à l’origine, mais je sais que sur la liste des tares cultivées ces dernières décennies, figure cette «culture de l’approximation» qui a pour conséquence première une nette tendance à l’incertitude donc à l’inexactitude.
On vous dira aisément que la distance séparant telle ville de telle autre est de «cent ou deux cents kilomètres…». Et si l’on veut vous faire avaler un rapport du genre on peut toujours ajouter : «…eheih alla shi min dhaak ilqabiil… shi dhaak nabtou…» (quelque chose du genre). On vous dira que tel a dilapidé quelques millions «walla milliard…», comme si le rapport était à faire entre «quelques millions» et un milliard. On vous le dit pour atténuer le crime commis par ce fonctionnaire véreux qui a détourné des fonds destinés initialement à l’équipement d’un hôpital, à la construction d’une école, d’un barrage, d’une route… et qui finissent en maisons richement meublées à Tevraq Zeina ou en troupeaux difficilement entretenus quelque part. Dans la tête de celui qui vous dit cela, il s’agit de faire accepter qu’un milliard est, tout compte(s) fait(s), aussi «peu important que quelques millions» («maa muhim kam, yaghayr…».
Pour votre gouverne, cher lecteur, sachez qu’entre le moment de la Hijra du Prophète (PSL) et le moment où nous parlons, il ne sait pas passé un milliard de …minutes. A peine 850 millions de minutes se sont passées depuis cette fameuse nuit où notre Prophète (PSL) a quitté La Mecque pour Yathrib qui deviendra Médine !!!! un milliard, c’est beaucoup… et rappelons ici que 134 milliards ouguiyas ont été purement et simplement transformés en dette publique au terme d’un accord signé pendant la transition de 2005-2007 entre la BCM et le ministère des finances. Il s’agissait de mettre ce déficit né de la manipulation des chiffres (l’épisode des faux chiffres du début des années 2000) et du bradage des ressources publiques au profit de particuliers, de le mettre donc sur le dos de la communauté. Qui s’en souvient ? et des cinquante millions dollars de la SONIMEX ? et… et… ?
C’est dans ces approximations que se perdent l’essentiel de nos ressources. Des approximations qui sont à la base de cette culture du mensonge qui marque notre vie ces derniers temps…

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