Chaque fois que l’on croit que l’on a tout dit,
tout écrit sur les évènements qui ont endeuillé le pays dans les années 89, 90
et 91, quelqu’un nous tire de notre inattention passagère pour nous rappeler
les douleurs du passé. Soit en tentant d’instrumentaliser le Mal, soit en
essayant de le nier. Les deux attitudes revenant à remuer le couteau dans la
plaie…
Hier sur la radio privée Nouakchott info, j’ai
entendu le nouveau président de la Coordination de l’Opposition démocratique
(COD) Ahmed Ould Sidi Baba dire qu’il n’avait rien su des purges de 1990/91. Cela
retient l’attention, parce qu’il ne s’agit pas d’un citoyen lambda, surtout à l’époque
des faits. Ancien Maire d’Atar, président du premier parti né après la
libéralisation de 91 (RDU : rassemblement pour la démocratie et l’unité),
ancien ministre sous Mokhtar Ould Daddah, grand intellectuel, homme d’affaires
très averti, Ahmed Ould Sidi Baba était un élément central du système d’alors. Incontournable
dans le jeu politique, il a été longtemps une des pièces fondamentales de l’échiquier
national. Comment peut-il avoir ignoré une entreprise qui aura duré quelques
mois et qui a abouti à l’extermination de quelques dizaines de Mauritaniens ?
Avec feu Habib, nous avions fait une enquête
sur les évènements dès juillet 1991. Ce qui a valu à Mauritanie-Demain, le
journal où nous étions, sa première saisie. Cette saisie intervenait au
lendemain de la promulgation de la loi instituant la liberté de presse. L’acte
est en lui-même un présage sur ce qui allait suivre. C’est une autre histoire
que nous effleurons plus loin…
A l’époque – juillet 91 – beaucoup de voix s’étaient
élevées pour dénoncer les exactions. Celles d’abord des mouvements politiques –
clandestins à l’époque -, le MND (mouvement national démocratique) ou le MDI
(mouvement des démocrates indépendants) qui ont publié des tracts et dont des
éléments sont allés en prison, d’autres sont allés en exil à la suite de la dénonciation
de ces exactions.
Celles ensuite de quelques figures
indépendantes qui ont signé des pétitions pour mettre en garde et/ou dénoncer
les évènements en cours. Le Maire Sid’Ahmed Habott, les sociologues Abdel
Wedoud Ould Cheikh et Cheikh Saadbouh Kamara, l’ancien ministre Eli Ould Allaf…
étaient de ceux-là.
Les enquêtes de presse viendront éclairer l’opinion
publique à partir de 1991, avec donc ce dossier de M-D intitulé «Arabes-négro-africains :
la fin d’un mariage de raison», puis avec Al Bayane qui avait été le
premier à «déterrer» les fosses communes de Sory Malé («Sory Malé : la
terre accuse» dans Al Bayane)…
Dès mars 1991, tout était presque public. Au début,
la thèse du coup d’Etat «ethnique» a pris dans l’opinion publique, mais très
tôt on a compris qu’il s’agissait d’un prétexte. On en a discuté dans les
salons, dans la rue, dans les journaux à l’extérieur, dans les documents
politiques et même dans les mosquées grâce notamment à un Erudit hors normes
comme Limam Bouddah Ould Bouçeyri (qui en a d’ailleurs parlé dans sa khoutba du
fitr d’avril 91, en présence du Président Ould Taya).
On ne peut pas croire qu’un homme du rang de
Ould Sidi Baba pouvait ignorer ce qui se passait et qui semblait menacer le
régime auquel il appartenait… difficile à croire…
«Il n’y a rien à tirer d’un régime
dictatorial, aucun dialogue ne peut aboutir avec ce régime…» C’est ce que
le nouveau chef de la COD a dit pour justifier le rejet de dialogue avec le
régime de Ould Abdel Aziz… C’est quand même Ahmed Ould Sidi Baba, chef
incontesté du RDU, qui avait poussé à un forum qui réunissait les partis d’opposition
et ceux de la Majorité dont il était le principal animateur. «Forum», parce qu’on
ne pouvait pas parler de dialogue quand le Président de l’époque refusait de
recevoir ou d’envisager une rencontre avec les véritables chefs de l’opposition.
Quand on a espéré une quelconque ouverture de
Ould Taya, je ne vois pas de qui on peut désespérer. Le régime de la dictature
qui a ensanglanté le pays, qui a pillé le pays, qui a corrompu le pays et la
société, qui a détruit les fondements de l’Etat dans le pays, qui a institué le
système de contrevaleurs qui pèsera encore longtemps sur ce qui reste du pays…
Quand on a discuté avec cette dictature-là, quand on a composé avec cette
dictature-là, on ne doit rien refuser après…
o sidi baba a oublier parc-qu"il est un vieux au crépuscule d'une carrière peut brillante ou pare que au moment des faits il ronge sa part du gâteau (l’état) il est sourd et aveugle
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