La
rumeur sur la santé du Président avait repris de plus belle. A la veille de la
manifestation organisée par l’a Coordination de l’opposition démocratique (COD)
autour de «la vacance du pouvoir» (pas moins !), la question était de
savoir quand est-ce que le Président va venir déclarer lui-même son incapacité.
C’est ce que les hauts cadres politiques, les intellectuels les plus avertis
tenaient à discuter… quand la nouvelle est tombée…
Sur
les ondes de RFI, on annonce le rendez-vous entre les deux présidents, le
mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz et le français François Hollande. Rendez-vous
qui a lieu à 11 heures ce matin de mardi. A la sortie de l’audience où il
paraissait, certes amaigri, mais en bonne santé quand même, le Président Ould
Abdel Aziz déclare qu’il rentre «bientôt» à Nouakchott. Plus tard, c’est la
présidence mauritanienne qui annonce la date du 24 novembre comme date du
retour du Président. Il sera donc là pour commémorer l’indépendance nationale,
quitte à revenir dans les semaines qui viennent à Paris pour un dernier
contrôle.
En
Mauritanie, c’est le soulagement malgré les dernières tentatives d’intoxication.
Il faut attendre la diffusion de l’interview accordée à France 24 par le
Président et sa reprise par la télévision nationale pour assister à l’explosion
de joie.
L’heure
est aux bilans. Au niveau des camps politiques, il y a lieu, comme nous l’avons
déjà fait, de souligner la capacité du pouvoir à contenir le choc sans
précédent à plusieurs égards. C’est la première fois de l’Histoire du pays que
les Mauritaniens vivent une telle situation, nous n’y reviendrons pas. Cette situation
a ouvert la voie à toutes les manigances et pour la première fois, nous avons
failli assister à un coup d’Etat par la rumeur.
L’épisode
du samedi 28 octobre est effectivement une tentative de déstabilisation savamment
orchestrée et qui a failli aboutir n’était-ce le sang-froid et la retenue de
ceux qui avaient en charge d’assurer l’ordre et la sécurité. Imaginons un
moment qu’en un lieu donné de Nouakchott, quelques badauds avaient pris au
sérieux les rumeurs de renversement du régime, d’affrontements entre factions
du pouvoir, d’absence de direction des opérations, pour piller une boutique, qu’ils
aient été dispersés violemment par la police ou la garde, que pour cela on ait
utilisé des grenades lacrymogènes, imaginons le bruit que cela ferait,
complétant le tableau de désordre qu’on a voulu installer… un chao était espéré
ce soir-là… heureusement pour tout le monde finalement que le pire n’est pas
arrivé.
Le
système aura donc tenu tout ce temps. Ni le chef d’Etat Major national, ni le
Premier ministre, ni le Cabinet présidentiel, ni les responsables de la
sécurité n’ont cédé à la panique. Il y a, pour Ould Abdel Aziz, quelque chose
sur lequel il peut construire un système qu’il a jusqu’à présent éviter d’asseoir.
Entre
ceux qui ont juré par Allah que «Ould Abdel Aziz était dans l’incapacité de
diriger» et ceux qui ont défendu les pires thèses sur la personne, on retiendra
que des hommes politiques, des intellectuels qui se croient de haut niveau, ont
fait des viscères d’un homme et du drame d’un pays, un sujet de conversation
tout au long de ces longues semaines. Comme s’il n’y avait plus d’humanité en
eux…
On
retiendra pour nous autres, tous ces développements qui prétendent à la science
autour des intestins, du foie, des blessures à l’abdomen, des montages photos,
des récits bien cousus… comme si la seule expertise que nous avions à
développer est celle de la confection du faux. Rappelez-vous tout ce qui a été «prouvé»
grâce à l’éveil technique (et technologique) de nos journalistes, toutes ces
photos dont on avait démonté le faux. Rappelez-vous ces récits dont l’objectif
était de dénigrer l’institution en travaillant les circonstances de l’accident.
Rappelez-vous ces intellectuels, pseudos penseurs, quand ils se lançaient dans
des démonstrations à partir de faits virtuels…
Rappelez-vous
et dites-vous que notre élite est à un niveau de réflexion, à un niveau de «moralité»,
à un niveau d’engagement… désespérants.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire