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mardi 20 novembre 2012

Ould Abdel Aziz, le retour


La rumeur sur la santé du Président avait repris de plus belle. A la veille de la manifestation organisée par l’a Coordination de l’opposition démocratique (COD) autour de «la vacance du pouvoir» (pas moins !), la question était de savoir quand est-ce que le Président va venir déclarer lui-même son incapacité. C’est ce que les hauts cadres politiques, les intellectuels les plus avertis tenaient à discuter… quand la nouvelle est tombée…
Sur les ondes de RFI, on annonce le rendez-vous entre les deux présidents, le mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz et le français François Hollande. Rendez-vous qui a lieu à 11 heures ce matin de mardi. A la sortie de l’audience où il paraissait, certes amaigri, mais en bonne santé quand même, le Président Ould Abdel Aziz déclare qu’il rentre «bientôt» à Nouakchott. Plus tard, c’est la présidence mauritanienne qui annonce la date du 24 novembre comme date du retour du Président. Il sera donc là pour commémorer l’indépendance nationale, quitte à revenir dans les semaines qui viennent à Paris pour un dernier contrôle.
En Mauritanie, c’est le soulagement malgré les dernières tentatives d’intoxication. Il faut attendre la diffusion de l’interview accordée à France 24 par le Président et sa reprise par la télévision nationale pour assister à l’explosion de joie.
L’heure est aux bilans. Au niveau des camps politiques, il y a lieu, comme nous l’avons déjà fait, de souligner la capacité du pouvoir à contenir le choc sans précédent à plusieurs égards. C’est la première fois de l’Histoire du pays que les Mauritaniens vivent une telle situation, nous n’y reviendrons pas. Cette situation a ouvert la voie à toutes les manigances et pour la première fois, nous avons failli assister à un coup d’Etat par la rumeur.
L’épisode du samedi 28 octobre est effectivement une tentative de déstabilisation savamment orchestrée et qui a failli aboutir n’était-ce le sang-froid et la retenue de ceux qui avaient en charge d’assurer l’ordre et la sécurité. Imaginons un moment qu’en un lieu donné de Nouakchott, quelques badauds avaient pris au sérieux les rumeurs de renversement du régime, d’affrontements entre factions du pouvoir, d’absence de direction des opérations, pour piller une boutique, qu’ils aient été dispersés violemment par la police ou la garde, que pour cela on ait utilisé des grenades lacrymogènes, imaginons le bruit que cela ferait, complétant le tableau de désordre qu’on a voulu installer… un chao était espéré ce soir-là… heureusement pour tout le monde finalement que le pire n’est pas arrivé.
Le système aura donc tenu tout ce temps. Ni le chef d’Etat Major national, ni le Premier ministre, ni le Cabinet présidentiel, ni les responsables de la sécurité n’ont cédé à la panique. Il y a, pour Ould Abdel Aziz, quelque chose sur lequel il peut construire un système qu’il a jusqu’à présent éviter d’asseoir.
Entre ceux qui ont juré par Allah que «Ould Abdel Aziz était dans l’incapacité de diriger» et ceux qui ont défendu les pires thèses sur la personne, on retiendra que des hommes politiques, des intellectuels qui se croient de haut niveau, ont fait des viscères d’un homme et du drame d’un pays, un sujet de conversation tout au long de ces longues semaines. Comme s’il n’y avait plus d’humanité en eux…
On retiendra pour nous autres, tous ces développements qui prétendent à la science autour des intestins, du foie, des blessures à l’abdomen, des montages photos, des récits bien cousus… comme si la seule expertise que nous avions à développer est celle de la confection du faux. Rappelez-vous tout ce qui a été «prouvé» grâce à l’éveil technique (et technologique) de nos journalistes, toutes ces photos dont on avait démonté le faux. Rappelez-vous ces récits dont l’objectif était de dénigrer l’institution en travaillant les circonstances de l’accident. Rappelez-vous ces intellectuels, pseudos penseurs, quand ils se lançaient dans des démonstrations à partir de faits virtuels…
Rappelez-vous et dites-vous que notre élite est à un niveau de réflexion, à un niveau de «moralité», à un niveau d’engagement… désespérants.  

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