C’est
l’un de ces «journalistes» qui tournent autour des officiels pour faire
pression ou pour charmer qui interpelle l’Ambassadeur d’Arabie Saoudite : «Excellence,
vous savez que le peuple des Emirats Arabes Unis est le meilleur des peuples
arabes ? qu’il est le plus prodigue, le plus gentil, le plus orthodoxe, le
plus ouvert, le plus instruit… Les Emirats, c’est vraiment le modèle pour tous
les autres pays…» Et l’Ambassadeur de l’arrêter : «Et l’Arabie
Saoudite ?» Le journaliste intraitable : «khallini ! Mais
je vous parle des Emirats Excellence, pas de Sa’oudiya…» «Mais je suis l’Ambassadeur
de l’Arabie Saoudite !»
Vous
croyez qu’il va se taire, qu’il va avoir une quelconque honte ? «Ah… Sa’oudiya…
mais quand on parle de ce pays il faut rester un jour peut-être un an sans en
invoquer un autre…» «Allah issaamhak», conclut l’Ambassadeur en s’éloignant.
Que Dieu te pardonne…
Que
Dieu pardonne à l’élite de ce pays qui a laissé – si elle n’a pas promu – une catégorie
de gens qui ne reculent devant rien pour avoir les faveurs de celui qui est
démarché. La perte des valeurs, la recherche effrénée du gain, le manque de
scrupule, l’absence de regards critiques… tout y est pour donner cette
mentalité d’effronté qui marque notre triste époque.
La
lecture d’un papier de notre confrère de Shi louh vshi, Abdallahi Ould Ethfaqa
el Mokhtar, me rappelle une expression très prisée chez les Mauritaniens et par
laquelle ils introduisent tous leurs discours non conventionnels. C’est de dire
avant toute chose que «ce que je vais dire n’est pas ce que je voudrai dire,
mais je dois le dire…», parfois la formule se termine par l’admirable «…pour
être clair et honnête». Tu parles !
On est toujours en train d’enrouler nos pensées, nos
idées dans un flot de formules qui les rend illisibles, confuses et
insondables.
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