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mercredi 28 novembre 2012

La méprise


C’est l’un de ces «journalistes» qui tournent autour des officiels pour faire pression ou pour charmer qui interpelle l’Ambassadeur d’Arabie Saoudite : «Excellence, vous savez que le peuple des Emirats Arabes Unis est le meilleur des peuples arabes ? qu’il est le plus prodigue, le plus gentil, le plus orthodoxe, le plus ouvert, le plus instruit… Les Emirats, c’est vraiment le modèle pour tous les autres pays…» Et l’Ambassadeur de l’arrêter : «Et l’Arabie Saoudite ?» Le journaliste intraitable : «khallini ! Mais je vous parle des Emirats Excellence, pas de Sa’oudiya…» «Mais je suis l’Ambassadeur de l’Arabie Saoudite !»
Vous croyez qu’il va se taire, qu’il va avoir une quelconque honte ? «Ah… Sa’oudiya… mais quand on parle de ce pays il faut rester un jour peut-être un an sans en invoquer un autre…» «Allah issaamhak», conclut l’Ambassadeur en s’éloignant. Que Dieu te pardonne…
Que Dieu pardonne à l’élite de ce pays qui a laissé – si elle n’a pas promu – une catégorie de gens qui ne reculent devant rien pour avoir les faveurs de celui qui est démarché. La perte des valeurs, la recherche effrénée du gain, le manque de scrupule, l’absence de regards critiques… tout y est pour donner cette mentalité d’effronté qui marque notre triste époque.
La lecture d’un papier de notre confrère de Shi louh vshi, Abdallahi Ould Ethfaqa el Mokhtar, me rappelle une expression très prisée chez les Mauritaniens et par laquelle ils introduisent tous leurs discours non conventionnels. C’est de dire avant toute chose que «ce que je vais dire n’est pas ce que je voudrai dire, mais je dois le dire…», parfois la formule se termine par l’admirable «…pour être clair et honnête». Tu parles !
On est toujours en train d’enrouler nos pensées, nos idées dans un flot de formules qui les rend illisibles, confuses et insondables.

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