Le Liban est entrain de payer le
prix de sa proximité avec la Syrie. Prolongement «naturel» de ce pays, la
patrie du cèdre ne pouvait éviter de se trouver au milieu de la crise syrienne.
L’exacerbation du communautarisme, le poids de la guerre civile qui ne finit
pas de finir (depuis quatre décennies), l’incapacité de la classe politique
libanaise à sortir de la logique sectaire pour un projet national, tout cela a
servi les protagonistes de la scène syrienne, lesquels veulent à tout prix
prendre en otage toute la région. Pas seulement la Syrie, complètement
détruite, mais aussi le Liban, l’Irak et probablement la Jordanie. Ce sont
toutes les rancœurs, toutes les adversités, les inimités, les haines
ancestrales qui vont surgir et qui vont embraser la région.
Tout le monde le comprend et évite
d’aller plus loin que présentement. Chacun y allant par sa «petite» vision.
Les Occidentaux sont les premiers à
évaluer les risques à leur juste valeur. Ils savent que la Syrie d’après Assad,
ne peut plus être un allié, ni même un élément de stabilité de la région. Jusque-là,
la Syrie avait pu exprimer sa différence et même son opposition aux visées
hégémoniques sans grande peine. L’Occident sachant que le régime en place ne
fera pas obstacle à ses plans (Irak, Palestine), il s’est contenté jusque l’année
dernière d’accompagner, parfois de soutenir ouvertement Assad. Lequel avait pu,
avec l’aide de l’Iran, faire des schismes islamiques ses premiers alliés dans
la région. L’axe Téhéran-Baghdad-Damas aurait été dangereux pour Israël et ses
alliés s’il avait eu le temps de se constituer réellement. L’Histoire retient
que chaque fois que ces trois grandes aires ont été unifiées sous une même
autorité, le monde a changé… Cette réalité historique est certainement prise en
compte dans les projections et autres analyses des spécialistes occidentaux.
Ceux qui se battent actuellement
sous le label «révolutionnaire» en Syrie sont essentiellement des combattants
salafistes ayant pour les uns désertés les champs de bataille d’Irak, d’Afghanistan,
du Mali, d’Algérie et même de Somalie. C’est vrai qu’ils fonctionnent avec l’argent
du pétrole des pays du Golf, qu’ils sont encadrés par les experts des services
américains, français et britanniques, mais ils ne rassurent pas pour autant
Israël qui voit le risque d’établissement d’un Jihadistan à ses portes. D’où
les tergiversations occidentales.
Personne
n’est au fond dérangé par la destruction de la Syrie, encore moins par les
morts qui s’y comptent désormais par milliers. Les émotions exprimées ici et là
relèvent de la mise en scène. Ce qui arrive sert Israël dans l’immédiat parce
qu’il élimine une source d’inquiétude et qu’il prépare le deuxième round de ce
qui pourrait prendre l’allure d’une troisième guerre mondiale, au vu des
implications internationales si l’Iran est attaqué. Parce qu’il s’agit là du
prochain round. Après l’Irak, le Yémen, la Libye, l’Egypte, la Syrie…, ce sera
autour de «l’ennemi principal» de tomber, c'est-à-dire l'Iran.
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