Il y a désormais trois chaines radios
privées qui émettent régulièrement sur Nouakchott, Mauritanids FM, Nouakchott
info et Kobenni. La quatrième et la cinquième doivent suivre bientôt
(Sahamedias et Tanwiir). Deux chaines de télévision diffusent déjà des
programmes (Sahel TV et Chinguitt TV), tandis que la troisième affiche son
projet (Al Mourabitoune). Si toutes les chaines radios ont eu la licence, seule
Sahel TV a une licence. Les deux autres diffusent à partir d’ailleurs.
L’expérience est trop récente pour
faire déjà une évaluation. Mais l’on peut dire que les radios ont ouvert le
champ du pluralisme et du dialogue continu. On peut d’ailleurs leur reprocher
de se laisser entrainer par l’aspect politique de la vie et par le flot des
informations diffusées sur le net par les sites déjà décriés pour le traitement
souvent tendancieux qu’ils font de l’information. Alors qu’on s’attendait à
plus de social, plus d’économique, on est frappé par cette tendance à la
facilité de coller à l’actualité politique, pourtant moins déterminante pour la
vie du citoyen. Mais comme il s’agit d’une tendance générale on y sacrifie.
Ce n’est pas le cas des télévisions
où le pluralisme culturel, l’innovation, le traitement des aspects sociaux de l’information
semblent heureusement primer. Sur Sahel TV et Chinguitt TV, on est frappé par
la richesse et la diversité des sujets qui touchent à la vie des populations. Ce
sont ici des reportages sur le baobab et sur les différents usages que font les
guidimankhais de ses feuilles, de ses racines et de ses fruits. Et là des
visites aux commerçantes et commerçants du marché de la capitale pour savoir
comment s’organise cet espace. Tandis que les deux chaînes proposent
continuellement des programmes culturels : des chants (med’h
principalement), reportages sur l’artisanat, portraits de grands poètes,
présentation des trésors des villes anciennes… Sans oublier le côté
divertissement avec des sketchs plus ou moins réussis.
Autant dire que nous avons
désormais le choix de zapper et de retrouver quelque part quelque chose qui
nous concerne directement et qui nous intéresse. C’est déjà bien.
Autre influence heureuse, c’est l’amélioration
incontestable des prestations des médias dits officiels. Avec la réhabilitation
de sa deuxième chaine (TVM2), la télévision de Mauritanie propose un package
plus proche des populations avec notamment la domination du langage populaire :
Hassaniya, Pulaar, Soninké et Wolof. Elle a même réussi à concevoir une
émission dédiée à la jeunesse où les intervenants parlent toutes les langues
nationales, où ils passent d’une langue à une autre et où ils donnent finalement
la preuve qu’une Mauritanie qui communique, une Mauritanie qui met à profit sa
diversité culturelle pour renforcer sa cohésion et son identité, que cette
Mauritanie est possible. Grand bravo à Soya, Abdallahi et les autres.
Dans
quelques jours, au plus quelques semaines, les médias officiels couvriront
systématiquement toutes les activités des partis. Ils donneront la parole à
tous les intervenants. C’est tant mieux. Mais ce qu’on peut exiger déjà de ces
médias, c’est de s’intéresser à l’information plus qu’à celui qui la fait. Ce n’est
pas un ministre qui rencontre un Ambassadeur dans ses bureaux de Nouakchott ou
un président de la République qui envoie un message à son homologue de
Papouasie qui font l’information, mais une pluie qui tombe sur l’Awkar, une
crue dans la Vallée, une boutique Emel ouverte à Boura, une pépinière réussie à
Foum Legleita, une campagne de vaccination du cheptel du côté de Adel Bagrou…
Il y a de quoi meubler les 24 heures de programmes pour une télé et une radio. Surtout
que sur ce plan, aucune des nouvelles structures ne peut concurrencer les
chaines nationales.
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