Se
souvient-on encore d’un avion de surveillance offert par l’Espagne à la
Mauritanie en contrepartie de la modique somme de 100 euros ? Qui a encore
en tête les déclarations des diplomates espagnols qui disaient que ce don «traduit
la solidité des liens et des relations de coopération entre l’Espagne et la
Mauritanie» ? Et les prétentions de la presse algérienne qui accusait les
Mauritaniens de prendre ainsi «le bonus» dans la conclusion des négociations
autour de la libération des otages en 2010, notamment la libération de Omar
Essahraoui ? Et des dénégations de notre ministre de la défense de l’époque ?
Tout
ça c’est du passé. Un passé qui refait surface avec la libération de Memine
Ould Oufkir, membre du groupe qui aurait participé à l’enlèvement des otages à
Rabouny en Algérie et jusque-là détenu par les Mauritaniens. En effet, cette
libération a fait l’objet d’un marchandage très insolite.
Si
ailleurs, des pays et des apparatchiks profitent de leurs rôles dans les
négociations pour ponctionner des commissions, ce ne semble pas le cas en
Mauritanie. Quand, au terme des négociations, les autorités espagnoles ont
demandé aux Mauritaniens de les «aider» à récupérer les otages en acceptant de
libérer Ould Oufkir, les nôtres n’ont rien trouvé de mieux que de poser une
condition : que l’Espagne reprenne l’avion qui avait été offert en 2011.
C’est
que l’avion s’est avéré être une vieille carcasse sans grand intérêt. Au lendemain
d’ailleurs de sa livraison, un membre du gouvernement espagnol avait répondu à
l’interpellation des Parlementaires en disant en substance : «il s’agit d’un
vieil avion qui ne peut plus être utilisé en Espagne…» Comme pour s’excuser d’avoir
fait le geste.
Une
semaine après ces déclarations, l’avion tombait en panne sans avoir fait 30
heures de vol en Mauritanie. Il est depuis lors sur le tarmac de l’aéroport de
Néma, dans l’est du pays.
A
plusieurs reprises les Mauritaniens ont demandé aux Espagnols de venir le
récupérer. Les Espagnols ont plusieurs fois promis de le reprendre pour le
réparer, mais ont toujours fini par se dérober.
Cette
fois-ci, plus de dérobade possible : reprendre l’avion et l’amener en Espagne,
la Mauritanie procèdera alors à la libération du prisonnier. Condition sine qua
non de la réussite de la transaction concernant les otages qui comprend aussi
le versement de 15 millions d’euros.
Les
dessous de telles transactions sont toujours plus «intéressantes» que ce que l’on
voit au grand jour.
Pour la Mauritanie, l’affaire se conclut plutôt bien. L'avion est repris par ses vrais propriétaires. Elle
rend à l’Espagne la monnaie d’une «fausse générosité» tout en lui rendant
service. Elle libère un trafiquant notoire, intermédiaire pour AQMI, non
Mauritanien et se refuse jusqu’à présent de libérer les vrais activistes de l’organisation.
Elle confirme ainsi la justesse de sa démarche : dans ce cas comme dans
celui de Omar Essahraoui qui avait servi dans la transaction autour des
humanitaires espagnols, ce sont les Mauritaniens qui sont allés «pêcher» les
gros poissons pour ensuite les utiliser comme moyens de pression sur les
terroristes.
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