Contrairement
à ce qui a été annoncé, le ministre français des affaires étrangères, Laurent
Fabius ne fera pas l’étape de Nouakchott. Il se contentera de Niamey,
Ouagadougou, Dakar et Ndjamena.
«Pour
raison de calendrier», dit-on du côté français. Prévu initialement dimanche à
Nouakchott, il aurait été «bousculé» par un timing dicté par la situation en
Syrie. Il demande alors à venir à Nouakchott dans la nuit de samedi à dimanche :
arriver en début de soirée, être reçu immédiatement par le Président de la
République, accomplir quelques gestes protocolaires avant de s’envoler pour le
Tchad.
La
partie mauritanienne aurait poliment décliné la proposition qui fait fi des
obligations du mois du Ramadan. Le ftour, les prières (l’obligatoire et
Tarawih), les occupations religieuses… Et c’est ainsi que le ministre français
n’est pas venu à Nouakchott.
Peut-on
en déduire que la France accorde peu ou pas de place à la Mauritanie dans son
plan pour le Mali ? Ou s’agit-il simplement d’une contrainte de temps qui
oblige à repousser l’étape à plus tard ?
Dans
un cas comme dans l’autre, la France se sera trompée. En effet, si l’on prend
en considération les déclarations faites par Laurent Fabius au Sénégal où il
est venu prêcher la participation à l’effort de guerre, celles des chefs d’Etats
africains de la CEDEAO, on entrevoit les premiers actes d’hostilité dans les
jours qui viennent. Cela se passera suivant deux étapes.
La
première prétend stabiliser le Mali du sud. Notamment en réorganisant les
forces à Bamako et en sécurisant les autorités de la transition. Pour ce faire
quelques trois à quatre mille hommes de la force d’attente seraient déployés. Comment
alors éviter de ne pas percevoir cette présence comme une force d’occupation ?
comment éviter qu’elle ne soit le prétexte pour les milices du Nord d’étendre
leur champ d’action vers le Sud jusque-là épargné par la terreur salafiste ?
comment éviter aussi – et c’est le plus urgent – l’exacerbation des aspects
ethniques du conflit ?
D’autant
plus qu’une présence qui dure dans le Sud sans action vers le Nord,
équivaudrait à une acceptation du fait accompli, c’est-à-dire de la partition.
La
France continue de mettre en avant l’intervention d’une force africaine tout en
s’engageant à offrir une aide logistique qui va des renseignements aux
équipements, et probablement à des interventions aériennes fortement espérées
par les Sénégalais. Mais toutes les parties – France et CEDEAO – exigent l’aval
du Conseil de Sécurité des Nations-Unies. On a vu toutes les réticences
manifestées par cette Institutions lors des discussions sur le cas malien il y
a quelques semaines. Il a fallu que la France mette tout son poids pour que la
démarche de la CEDEAO et de l’UA soit avalisée par le Conseil qui a mis des
conditions à toute intervention. Notamment des précisions claires sur les objectifs
et sur la mission, mais aussi la durée et les outils… assez pour compliquer l’entreprise.
Peut-on
croire que la France croit désormais pouvoir régler militairement la question
sans l’Algérie et la Mauritanie ? Oui, si la promptitude affichée est
réelle, promptitude à faire la guerre, cela s’entend. Ignorer l’étape de
Nouakchott, c’est un peu ouvrir la voie à toutes les conjectures. Dont celle-là.
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