La
démission de Seyid Ould Ghaylani du poste de Président de la Cour Suprême et sa
nomination comme Ambassadeur, pose de nouveau le problème des relations entre
les différents éléments du pouvoir. En effet, la disgrâce de celui dont la
nomination a été saluée comme une volonté de faire le ménage dans le
département de la Justice, sans état d’âme et avec la volonté affichée de
brusquer et de déranger, cette disgrâce serait la conséquence de l’état «défectueux»
des relations entre lui et le ministre de la justice. Ce dernier jouant tous
les lobbies – tribaux, affairistes, anciens et nouveaux – pour restaurer le
système d’avant. On se souvient la réussite partielle de l’entreprise de
réhabilitation des Magistrats écartés pour certains, rayés de la fonction pour
d’autres, et pourtant nommés lors du dernier Conseil de la Magistrature. Une victoire
pour le ministre. Une défaite pour Ould Ghaylani qui ne l’a pas digérée. Depuis,
les rapports entre les deux hommes ont atteint un tel degré qu’ils ne s’adressaient
plus la parole. La communication entre eux passait par le Président de la
République, lui-même. C’est pourquoi le remplacement de Seyid Ould Ghaylani n’a
pas surpris. Pas plus que le maintien de Abidine Ould Kheyr au poste de
ministre de la justice…
Ce
n’est pas le seul «tandem» en guerre au sein de l’équipe du Président. Il suffit
de parler à un ministre d’un collègue à lui pour l’entendre le traiter de tous
les noms. Pas besoin d’intimité. Chacun semble regarder son voisin du Conseil
des ministres comme un dangereux concurrent, voire un ennemi à abattre.
Il
y a peu, nous entendions tous parler de cette déconvenue subie par la mission
de l’Union pour la République (UPR) à Néma : la mission dirigée par Brahim
Ould M’Barek, ministre du développement rural, n’a pas une centaine de
personnes au meeting de la capitale du Hodh Echargui. Une zone qui est pourtant
le fief du Premier ministre, du ministre de l’hydraulique, de la ministre de la
culture, de celle de la condition féminine et j’en passe.
Selon
de nombreuses sources, la mission aurait échoué non pas parce que les
populations boudaient l’UPR, mais parce que les collègues du ministre du
développement rural ont voulu lui donner la leçon.
Jusque-là,
ce n’est pas aussi grave que quand ces animosités interfèrent dans les actions
gouvernementales d’envergure. Quand par exemple, tous les conseils interministériels
sont l’occasion d’accusations mutuelles et de confrontations fratricides. Quand
certains ministres passent outre l’existence d’un Premier ministre pour traiter
directement avec la Présidence, sous prétexte de «manque de collaboration du
Premier ministère» (sic). Quand, en plus du mépris affiché à celui qui devait
être leur chef hiérarchique, certains ministres perturbent l’action
gouvernementale.
Quand
aussi, la mise en œuvre des programmes est l’opportunité pour les uns de
balancer des peaux de bananes sur le chemin des autres. C’est ce qui arrive
pour expliquer les insuffisances du programme Emel 2012. Ce qui explique aussi
les fuites de documents et d’informations gênantes plus ou moins pour les
membres de l’équipe.
Au
lieu de se donner la main et de se dire qu’ils sont embarqués dans la même
galère, les hauts responsables dépensent plus d’énergie à tirer les uns sur les
autres qu’à travailler pour la réussite des programmes.
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