La
soirée à TVM avec Messaoud Ould Boulkheir, président de l’APP, a été longue et
fructueuse. Même si elle a passé sous silence le parcours de l’homme qui
aurait, à lui-même, suffi pour poser tous les problèmes de l’évolution récente
de la Mauritanie. Mes confrères ont préféré titiller leur invité sur l’actualité
politique et sociale et sur ses positionnements actuels.
Beaucoup
de choses à retenir de ce qu’il a dit, en plus de son témoignage sur les
fondateurs du mouvement El Horr, le premier mouvement dédié à la lutte contre l’esclavage.
Notamment sur ses relations avec le pouvoir, l’argent, avec ses pairs de l’Opposition,
avec les militaires…
Il
a raconté comment, lui Messaoud avait refusé le rapprochement entamé avec le
pouvoir par ses amis de l’Opposition en juillet 2010. «Tant que Ould Abdel Aziz
n’a pas officiellement et publiquement appelé au dialogue, soit par sa bouche
soit par celle de l’un de ses ministres…»
Ce
qui fut fait le 28 novembre 2010. Rien n’empêchait plus d’accélérer le
processus d’élaboration d’une plate-forme entamé depuis quelques semaines par la
COD. Ce qui fut fait. Engageant le président de l’Assemblée nationale qui va
jouer ensuite le rôle d’intermédiaire jusqu’à amener les partis qui l’acceptaient
à s’impliquer dans le processus du dialogue.
Entretemps,
il y a eu la tentative de certains de ses partenaires de la COD d’intégrer l’organisation
d’élections présidentielles anticipées dans la plate-forme. Ce que Messaoud
contesta sans pour autant provoquer la rupture. C’est surtout la «révolution
arabe» qui va tout déprogrammer. Les uns croyant que le moment est venu de
provoquer la chute du régime. Même s’il reconnait que «le niveau de fracture est
sans précédent», entre lui et ses anciens compagnons. Ce qui l’amène à faire
appel pour une retrouvaille, encore possible. Il promet même de les revoir
pendant les jours qui viennent pour lancer un processus de rapprochement. Il n’interpelle
ici que ceux du RFD de Ould Daddah et de l’UFP de Ould Maouloud. «Les autres
doivent exister d’abord».
Sur
le plan personnel, Ould Boulkheir semblait diriger ses propos contre Ahmed Ould
Daddah, confirmant que la relation entre les deux hommes n’a jamais été stable.
Tout, dans ses propos se référait directement ou indirectement à ces relations
qui ont marqué l’histoire politique de ces dernières années. Pesant sur la
destinée du pays…
On
doit reprocher au président de l’Assemblée nationale, militant des premières
heures des causes liées aux infractions et crimes commis dans les années 90 à l’encontre
de la communauté négro-africaine, on doit lui reprocher de reconnaitre
publiquement de ne pas tout savoir sur le règlement du passif… Dommage.
On doit lui reprocher aussi de ne pas connaitre sept
Mauritaniens qui pourraient jouer le rôle de sages. Un homme politique de sa
trempe ayant son parcours et son expérience et qui ne peut trouver 7 noms, c’est
quand même dramatique. Cela révèle les grandes faiblesses de nos hommes et
organisations politiques et de leurs capacités de proposition. On doit se
souvenir des choix faits par l’opposition – toutes tendances confondues – lors de
la constitution du gouvernement d’union nationale en juillet 2009. Se souvenir aussi
des élections de 2006, et juger des choix.
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