dimanche 20 mai 2012

En attendant, «là-haut»


L’autre jour, j’ai accompagné un ami dans un ministère où il comptait régler un problème en suspens depuis quelques temps. On nous conseilla de nous adresser au directeur général du département concerné.
«Nous avons étudié cette histoire et nous avons envoyé l’étude à la présidence. On attend le feedback…»
Déçu par une telle révélation qui ne voulait absolument rien dire, nous décidâmes de remonter la hiérarchie du directeur. Malgré les portes fermées, les barricades et la surveillance des membres de sociétés de gardiennage, tous d’anciens militaires mal habillés, nous arrivâmes devant le bureau du ministre. Ce n’était pas difficile, il suffisait de tomber sur une connaissance.
«Ce dossier, nous l’avons étudié, j’ai envoyé deux rapports au Président de la République et j’attends depuis des mois la réponse…»
Toutes les «faiblesses» de l’administration se trouvent en partie ici. Le rapport aux usagers qui est compliqué par toutes ces procédures d’accès à qui de droit. On ne peut entrer que si on bénéficie d’un privilège de connaissance. Il n’est rien, l’usager lambda. C’est déjà très grave.
La méconnaissance des responsables de leurs dossiers. Quand, dépités, nous avons quitté le ministre, nous sommes tombés sur un haut cadre du ministère en question. Un ancien haut responsable qui, aujourd’hui, traine «dans le garage».
«Ce qu’ils vous ont dit est faux, le dossier est au niveau du service…»
L’irresponsabilité de toute la hiérarchie est clairement exprimée. Et je comprends pourquoi, les gens manifestent tout le temps devant la présidence. En venant dans les administrations pour régler leurs problèmes, on leur dit que tout dépend du Président de la République. Personne n’est en mesure d’assumer ses responsabilités, de dire la vérité ou de s’intéresser aux doléances des populations.
On pourra toujours nous dire que le Président détient tout en main. Ce qui n’est pas vrai. Les ministres, les directeurs, quand il s’agit d’une nomination qui les intéresse, d’une faveur à faire à un proche n’attendent pas les «instructions de là-haut». C’est seulement quand ils sont désintéressés ou quand cela touche l’intérêt général sans retombées «particulières».
Ne faut-il pas qu’au conseil de cette semaine, le Président de la République rappelle à ses ministres qu’ils sont entièrement responsables de la gestion de leurs départements. Qu’il leur dise de prendre l’initiative et de ne pas attendre pour ce qui concerne l’intérêt général, de surseoir et d’hésiter quand il s’agit d’intérêt particulier. Qu’il les menace en leur disant que les manifestations devant la présidence seront considérées comme un indice de mauvaise gouvernance dans les départements. Car la bonne gouvernance commence par l’écoute du citoyen…
En attendant, le directeur général, le ministre doivent savoir qu’en mettant tout manquement sur le dos de «là-haut», cela ne les dédouane pas. S’ils ne peuvent exercer en toute âme et conscience, ils n’ont qu’à démissionner. Rien ne les oblige à être dans la position de celui qui attend les instructions dans la gestion quotidienne de sa responsabilité.
Devant nous usagers, c’et vous qui êtes responsables.

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