L’autre
jour, j’ai accompagné un ami dans un ministère où il comptait régler un
problème en suspens depuis quelques temps. On nous conseilla de nous adresser
au directeur général du département concerné.
«Nous
avons étudié cette histoire et nous avons envoyé l’étude à la présidence. On attend
le feedback…»
Déçu
par une telle révélation qui ne voulait absolument rien dire, nous décidâmes de
remonter la hiérarchie du directeur. Malgré les portes fermées, les barricades
et la surveillance des membres de sociétés de gardiennage, tous d’anciens
militaires mal habillés, nous arrivâmes devant le bureau du ministre. Ce n’était
pas difficile, il suffisait de tomber sur une connaissance.
«Ce
dossier, nous l’avons étudié, j’ai envoyé deux rapports au Président de la
République et j’attends depuis des mois la réponse…»
Toutes
les «faiblesses» de l’administration se trouvent en partie ici. Le rapport aux
usagers qui est compliqué par toutes ces procédures d’accès à qui de droit. On ne
peut entrer que si on bénéficie d’un privilège de connaissance. Il n’est rien,
l’usager lambda. C’est déjà très grave.
La
méconnaissance des responsables de leurs dossiers. Quand, dépités, nous avons
quitté le ministre, nous sommes tombés sur un haut cadre du ministère en
question. Un ancien haut responsable qui, aujourd’hui, traine «dans le garage».
«Ce
qu’ils vous ont dit est faux, le dossier est au niveau du service…»
L’irresponsabilité
de toute la hiérarchie est clairement exprimée. Et je comprends pourquoi, les
gens manifestent tout le temps devant la présidence. En venant dans les
administrations pour régler leurs problèmes, on leur dit que tout dépend du
Président de la République. Personne n’est en mesure d’assumer ses
responsabilités, de dire la vérité ou de s’intéresser aux doléances des
populations.
On
pourra toujours nous dire que le Président détient tout en main. Ce qui n’est
pas vrai. Les ministres, les directeurs, quand il s’agit d’une nomination qui
les intéresse, d’une faveur à faire à un proche n’attendent pas les «instructions
de là-haut». C’est seulement quand ils sont désintéressés ou quand cela touche
l’intérêt général sans retombées «particulières».
Ne
faut-il pas qu’au conseil de cette semaine, le Président de la République
rappelle à ses ministres qu’ils sont entièrement responsables de la gestion de
leurs départements. Qu’il leur dise de prendre l’initiative et de ne pas
attendre pour ce qui concerne l’intérêt général, de surseoir et d’hésiter quand
il s’agit d’intérêt particulier. Qu’il les menace en leur disant que les
manifestations devant la présidence seront considérées comme un indice de mauvaise
gouvernance dans les départements. Car la bonne gouvernance commence par l’écoute
du citoyen…
En
attendant, le directeur général, le ministre doivent savoir qu’en mettant tout
manquement sur le dos de «là-haut», cela ne les dédouane pas. S’ils ne peuvent
exercer en toute âme et conscience, ils n’ont qu’à démissionner. Rien ne les
oblige à être dans la position de celui qui attend les instructions dans la
gestion quotidienne de sa responsabilité.
Devant
nous usagers, c’et vous qui êtes responsables.
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