C’est
à Radio Mauritanie (Radio du Coran) que j’ai entendu un faqif parler des
statuts dans la question de la tutelle en cas de mariage. Il commença par le
statut du… maître, puis passa à celui de …l’esclave. Sur Radio Mauritanie !!!
Quelques
jours avant, je lisais sur le site alakhbar.info que le conseiller en matières
religieuses du Premier ministre avait tenu des propos sur les mêmes antennes,
des propos pour le moins réactionnaires sur la possibilité pour la femme d’accéder
à des postes de commandement, y compris la présidence. Il aurait dit qu’il
fallait éviter d’avoir une femme à la tête du Sénat parce qu’il y avait «un
risque» de la retrouver à la tête des affaires. Pour la Magistrature et
certains postes, il n’était pas «permis», selon lui, de nommer des femmes à ce
poste.
Le
vendredi de la semaine d’avant, le prêche de l’Imam de la mosquée centrale de
Nouakchott avait profité de la cacophonie produite par l’autodafé de Riyad,
pour demander une réforme constitutionnelle pour conformer tous les textes à la
Chari’a. Oubliant que le texte fondamental a toujours mentionné que la Chari’a
était la source de la législation mauritanienne. Que par conséquent, tous les
textes adoptés par les organes législatifs sont supposés se conformer à la
Chari’a. Que seul le Haut Conseil Islamique (HCI) est habilité à en juger…
C’est
justement le lieu de faire jouer un rôle à cette institution de la République
qui semble ne rendre aucun service à la Nation qui l’entretient pourtant. Il est
temps que le HCI se prononce pour réguler les propos des Ulémas et autres
Fuqahas d’aujourd’hui. De remettre de l’ordre dans le secteur des prêches qui
ont une prétention religieuse. Il est temps de dire à ceux qui s’instituent en
législateurs, que la République à ses institutions qui sont seules habilitées à
légiférer. De leur dire qu’ils doivent impérativement adapter leurs propos aux
exigences de cette République qui se fonde sur l’égalité des citoyens, sur la
reconnaissance de leur liberté.
Il
ne doit pas y avoir des règles qui valent pour les uns et non les autres. Il n’y
a plus de «maîtres» et d’«esclaves» au sens de la loi qui vaut pour tous.
Le
statut du personnel, adopté il y a quelques années en Mauritanie comporte
certes quelques aspects «obscurantistes», mais reconnait les droits
fondamentaux des individus, hommes et femmes, et fixent les règles du jeu
social. A l’époque, il avait même fait un passage devant le HCI, ce qui lui
donne une force de plus.
Aujourd’hui,
le HCI doit intervenir pour rappeler à tous qu’il n’existe qu’une seule loi en
Mauritanie, celle qui reconnait à chacun sa liberté, ses droits dont la
possibilité de disposer librement de sa personne et de ses biens.
A
la HAPA aussi d’interpeller les organes publics pour leur rappeler les desseins
de la Mauritanie moderne. Le contrat social qui nous lie est celui qui vise à
travailler en vue d’instaurer une conscience citoyenne, une société égalitaire,
libérée des pesanteurs du passé.
Aux
Ulémas, surtout ceux qui interfèrent facilement dans les affaires publiques, de
réagir pour nous dire ce qu’ils pensent de ces questions qui se posent à notre
société d’aujourd’hui. Des questions dont la réactualisation signe une régression
– au sens psychanalytique – qui commence par l’énonciation d’une logomachie qu’on
peut juger anodine, tout en se terminant par la remise en cause des principes
fondateurs de la Modernité.
Tous les Mauritaniens sont concernés par cette
bataille-là. Cette bataille qui ne fait que commencer chaque fois que l’on
croit l’avoir vidée.
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