Chaque rendez-vous vital pour notre
pays a été allègrement raté par notre élite politique. C’est ce qui fait que
nous avons l’impression de jouer en dehors des temps impartis aux matchs que
nous livrons et aux aires de jeu qui leur sont consacrées.
En 1992 et en 2003, la démission de l’élite a profité
aux forces centrifuges – tribus, groupuscules politiques chauvins, groupes
politico-affairistes…- qui allaient cueillir le fruit de l’engagement contre la
dictature de l’époque, et faire main basse sur le pouvoir.
En 2005, le rendez-vous de la rupture totale est raté.
Parce que l’élite s’est enfermée dans la perspective de la conquête immédiate
du pouvoir. Sans penser que cela a un coût. Que cela demande un sacrifice.
En refusant de faire alliance avec les plus jeunes des
officiers de la junte, les vrais auteurs du changement, l’élite a compromis la
proposition de rupture faite par eux. Quand ils ont mis en œuvre une transition
courte avec la promesse de se tenir en dehors du jeu électoral, d’assainir l’administration
et les finances, de libérer le politique du joug de l’administrateur…
L’élite a poussé vers la création des Indépendants,
puis vers l’interférence des militaires, puis vers le vote blanc à la
présidentielle de 2007...
On a perdu cette occasion d’asseoir définitivement une
démocratie inclusive et une société progressiste.
En 2007 puis en 2009, même refus de l’élite de prendre
l’initiative et de proposer. Plus grave, elle a été incapable d’accompagner,
préférant encore une fois tergiverser en attendant la suite des évènements.
Même refus de voir dans les dialogues ouverts, une
opportunité de faire avancer les choses, de parfaire les outils de la
démocratie et de donner un contenu au projet de refondations d’une Mauritanie
nouvelle.
Quand on refuse le renouveau et qu’on n’a pas de
proposition alternative, on subit facilement. C’est ce qui est arrivé.
Depuis la dernière tentative d’établir un dialogue,
même secret, la classe politique, et particulièrement l’opposition est
tétanisée. On entrevoit difficilement de perspective pour elle. D’ailleurs,
elle continue à hésiter. Même si, les formations déclarent ici et là qu’elles
participent finalement à des élections dont elles ont toujours refusé le
processus et les outils.
Une capitulation dont l’opposition traditionnelle se
relève difficilement. Alors ?
Comme hier, ce qui est demandé aux acteurs politiques,
c’est d’anticiper. A quelques semaines des élections Législatives, municipales
et régionales, que faut-il envisager ?
D’abord élaborer des programmes nouveaux rompant avec
les discours peu porteurs d’hier. Le moment n’est plus à désespérer les
Mauritaniens de leur situation. Le moment est venu de leur donner un espoir.
Partir d’une réalité plutôt heureuse pour fonder une
espérance neuve. La stabilité gagnée par la force d’une politique efficace et
indépendante est à louer et à préserver. Oui. Notre pays a mené la bataille
qu’il faut pour sécuriser son territoire et rassurer sa population et ses
voisins que la menace ne viendra pas d’ici.
Dans quelques jours nous recevrons ici les Chefs
d’Etats africains comme nous avons reçu les Arabes l’année dernière. Deux
moments fondateurs pour rappeler les ancrages arabe et africain d’un pays qui
avait perdu le nord pour devenir l’orphelin géopolitique qu’il fut pendant une
trentaine d’années.
On parle de gaz et de pétrole. La Mauritanie est déjà
riche par son fer, son poisson, son or… Mais elle sera encore plus riche par
l’image qu’elle s’apprête à donner quand, en 2019, elle donnera l’exemple d’une
alternance pacifique du pouvoir. Peu importe le choix, il conviendra parce
qu’il rassurera nécessairement sur la préservation des acquis en matière de
sécurité et de stabilité. Pour cela, ce sera un projet consensuel qu’il faut
renforcer dès à présent.
2018 doit être l’année du renouveau des discours. Elle
doit obliger les projets politiques et sociaux à éclore. Préparer un contrat
social entre les Mauritaniens, un contrat de gouvernance entre les Mauritaniens
et leurs gouvernants, un contrat politique entre les Mauritaniens et leur
élite.
Demain se prépare dès maintenant. La bataille de la
Modernité s’engage. Elle doit sonner le glas de toutes les régressions.
L’UPR est plongé dans la préparation de son congrès.
Les partis d’opposition sont encore en quête de voie. Pendant ce temps, on
avance inexorablement vers des rendez-vous que nous avons mal préparés. Des
rendez-vous pleins de promesses de lendemains heureux…
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